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Lors de la réunion publique tenue à Montreuil ce 24 mai, Mélenchon avait lancé : « Cazeneuve, le gars qui s’est occupé de l’assassinat de Rémi Fraisse. Le gars qui a fait gazer, matraquer toutes les manifestations et qui prend maintenant sa tête de petit sainte-nitouche pour dire que c’est moi qui ne sais pas choisir entre le Front national et je sais pas qui ». Cette interpellation de l’ancien Premier ministre intervient dans un contexte de tensions exacerbées par les élections législatives entre les leaders respectifs de la France insoumise et du Parti socialiste, et ce particulièrement depuis que Cazeneuve a qualifié d’« impardonnable faute morale » l’absence de consigne de vote de Mélenchon durant l’entre-deux-tours. Mais ce dernier a le mérite de pointer du doigt la haute responsabilité de Cazeneuve dans la mort de Rémi Fraisse et les pratiques répressives de l’ex-ministre de l’Intérieur et ancien Premier ministre (? http://www.revolutionpermanente.fr/Bernard-Cazeneuve-a-Matignon-Petit-portrait-de-l-homme-le-plus-sinistre-de-la-Republique).

Cazeneuve compte donc le poursuivre en justice pour diffamation et a envoyé un communiqué à l’AFP où il déclare : « Coutumier de l’outrance et de l’abaissement du débat public, Jean-Luc Mélenchon a franchi la frontière de la diffamation. Par ses propos à mon sujet, il démontre que l’insulte est devenue son mode de pensée et d’expression », mais surtout : « Parce que je crois que le débat d’idées implique du respect et doit prévaloir sur l’invective, la manipulation et le mensonge, j’ai décidé de porter plainte contre Jean-Luc Mélenchon ». C’est donc sur le plan de la morale et de la bonne conduite en politique que Cazeneuve souhaite, sans aucun scrupule, placer le débat.

Beaucoup de verbiage hypocrite pour tenter de masquer la réalité de ce crime d’État. Mais c’est bien lui qui était à l’instigation de la répression de la ZAD de Sivens en octobre 2014 et c’est bien à ses ordres que toute la hiérarchie répressive répondait en assassinant Rémi Fraisse. Et si ce crime a provoqué un immense tollé contre le gouvernement et sa force de coercition, ce n’est pas pour autant que Cazeneuve s’est gêné par la suite pour continuer à élaborer la répression des différents mouvements sociaux.

On se souvient de Toulouse qui lors des manifestations contre les violences policières, suite à l’assassinat de Rémi Fraisse, est devenu un véritable laboratoire de la répression. Quatre manifestations avaient été interdites et les autres sévèrement réprimées (avec toute une ribambelle d’interpellations et de condamnations. Ces techniques répressives ont été ensuite savamment réutilisés durant le mouvement contre la loi Travail, comme ce fut le cas à Rennes ? http://www.revolutionpermanente.fr/Rennes-souvenir-de-repression-recit-d-une-course-poursuite-avec-la-BAC). On se souvient de l’instauration de l’état d’urgence, à durée indéterminée, qui a servi à museler toute forme de contestation de l’ordre établi, comme ce fut le cas lors de la COP 21. Pour ne citer que ces exemples.

Cette plainte pour diffamation envers Mélenchon est une véritable insulte à toutes celles et ceux ont subi la répression, à celles et ceux qui sont morts sous les coups de la police. Cazeneuve n’a rien d’une victime, c’est un ennemi des travailleurs, de la jeunesse et des quartiers populaires. Face à la mascarade de la classe dirigeante qui malgré ses grands discours moralisateurs ne parvient plus à cacher l’indécence crasse de ses actes, organisons la riposte.