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Précarité dans l'ESR

Colère à l’ENS-Ulm après le licenciement annoncé de trois salariés de la cantine

La direction de l'ENS-Ulm vient d'annoncer que trois salarié-e-s de la cantine ne verront pas leurs contrats renouvelés à la fin de l'année. Un manque de moyens financiers motiverait cette décision. Aussitôt, les salariés, avec le soutien des étudiants, ont commencé à s'organiser, dénonçant la précarité et les mauvaises conditions de travail qu'ils subissent au quotidien. Cette colère n'est pas sans rappeler celle qui s'est déjà exprimé en 2011 lors d'une grève qui a été victorieuse contre la précarité à la cantine de l'ENS-Ulm. Claude Scorza (étudiant-e à l’ENS-Ulm)

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Pas de prix Nobel sans cuisiniers

Depuis, la gestion de la main-d’œuvre a peu changé dans une institution où l’on voit coexister quotidiennement l’élitisme opulent d’une grande école destinée aux enfants des classes dominantes et des conditions de travail qui n’ont rien à envier aux entreprises du privé. Parce que si ce qui caractérise aujourd’hui l’université française ce sont surtout ses TD surchargés et ses bâtiments vétustes, l’ENS-Ulm maintient des conditions d’étude et un cadre de vie privilégiés pour ses élèves. Or les actuels et futurs prix Nobel ou médailles Fields qui vivent et/ou travaillent à l’ENS ont toujours besoin de manger. Lors du conflit de 2011, l’une des revendications constante grévistes est qu’ « il n’y a pas de prix Nobel sans cuisiniers », pas de recherche, ni d’excellence sans des salarié-e-s qui fassent tourner l’ENS, salarié-e-s qui souvent ont un salaire inférieur à celui des normaliens !

Aujourd’hui à l’ENS on est des bons élèves dans tous les domaines, même lorsqu’il s’agit d’appliquer à la lettre les directives du ministère qui accentuent la précarité du personnel. Effectivement, depuis quelques années, le ministère souhaite que l’argent de la masse salariale soit prioritairement utilisé pour embaucher du personnel en catégorie A et B (prioritairement des enseignants-chercheurs) et pour des projets de recherche d’ « excellence », et non pas pour le salaire du personnel en catégorie C. Pour ces derniers, il s’agit d’avoir recours soit à des CDD à répétition, soit à de l’intérim, voire à l’externalisation du service. Elle oppose ainsi les salarié-e-s entre eux, affirmant qu’ils recruteraient des contractuels parce qu’il n’y aurait pas assez d’argent pour les titulaires.


La précarité à l’ENS ne va plus

Croyant que cela passerait comme une lettre à la poste, la direction de l’ENS-Ulm a annoncé à trois salariés de la cuisine que leur contrat ne serait pas renouvelé au-delà du 31 décembre 2015 et qu’un poste serait supprimé à la plonge. Pourtant, un des acquis de la grève de 2011 a été la création d’une section syndicale CGT et un esprit de solidarité des organisations étudiantes envers les salarié-e-s de l’établissement. La résistance s’est aussitôt organisée, avec une pétition qui a recueilli déjà presque 400 signatures d’usager-e-s du service de restauration en défense des salariés licenciés.

La suppression de trois CDD à la cuisine serait un coup dur pour les conditions de travail du reste des salarié-e-s du service, alors qu’ils servent déjà plus de 900 plats chaque midi, avec seulement une vingtaine de personnels. Selon le DRH, il n’y aurait pas assez de moyens pour embaucher tout le monde en CDI. Mais ce serait un problème plus général dans l’ensemble de l’établissement, car, toujours selon le DRH, aucun service n’a assez de personnel…

La précarité est un problème structurel dans l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR).Un rapport de la Cour des Comptes rendu public le 30 septembre 2015 annonçait l’asphyxie des universités françaises et préconisait, entre autres choses, l’augmentation des frais d’inscription comme moyen de financement des établissements. Entre les différentes inquiétudes de la Cour des Comptes se trouverait un budget trop important alloué aux « frais de personnel » qui représenterait actuellement 83% du budget des universités. Cependant, ce chiffre a de quoi étonner quiconque a déjà fait un tour dans les services où la précarité du personnel est omniprésente. Et cela au coeur même de l’élitisme républicain comme à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, qui avait connu une grève victorieuse de quatre mois contre la précarité en 2011.

La précarité est ainsi présente dans tous les services et dans tous les établissements d’enseignement, dans tous les laboratoires de recherche. Si ce qui a manqué en 2011 a été un grand mouvement contre la précarité dans l’ESR, il n’est jamais trop tard pour mettre des revendications qui unifient les différentes catégories de personnels. Pas plus tard que l’année dernière, une grève de plusieurs mois à l’Université Paris 8 (http://www.ccr4.org/Forces-et-faiblesses-de-la-greve) avait montré qu’« avoir lutté, c’était déjà une victoire ». Du côté des étudiant-e-s, la solidarité avec le personnel est un combat à part entière pour montrer qu’ils ne sont pas seuls face à la direction. Enfin, défendre des conditions d’étude de qualité fait aussi partie de la lutte, mais celle-ci ne peut pas être séparée de la critique d’une institution telle que l’ENS qui joue un rôle spécifique dans la reproduction des élites et la production de l’idéologie dominante.

Signez la pétition en solidarité avec les salariés licenciés !
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