Selon ce sondage, il n’y avait début novembre que 28 % des français approuvant l’action de François Hollande comme Président de la République. Nul doute que les attentats du 13 novembre et les prises de décision qui s’ensuivirent sont à l’origine de ce bond spectaculaire de 22 points.

Avant les attentats du 13 novembre, la côte de popularité d’Hollande était bien basse et pour cause ! Courbe du chômage qui ne cesse d’augmenter, migrants venant mourir aux portes de l’Europe ou parqués dans des camps de rétention, baisse des budgets sociaux, planète en péril ; il y avait de nombreuses luttes en cours, comme à Air France, dans les hôpitaux ou à Mayotte, sans que le gouvernement ne donne de solution concrète qui aille dans le sens des travailleurs. Un contexte social explosif qui expose clairement la réelle nature de ce gouvernement "socialiste" à la botte d’intérêts financiers, et les sondages parlaient d’eux-mêmes quand moins d’un tiers des Français seulement approuvait leur président. Hollande a su, comme en janvier dernier, surfer sur les événements tragiques du 13 novembre pour se redonner un bol d’air dans les sondages. Pourtant, les manifestant.e.s dénonçant l’hypocrisie de la COP21 ont été réprimés comme jamais, interpellation et condamnation à la clé. Pôle Emploi a enregistré 42,000 inscrits de plus en octobre et les promesses en terme d’inversion de courbe du chômage seront loin d’être tenues.

Mais c’est surtout sur le discours va-t-en-guerre, surfant sur l’horreur des attentats pour instaurer un esprit de vendetta, et sur le plan international, que Hollande s’est posé comme un président "honorable". Nous somme en guerre, Valls ne manque pas une occasion de le répéter ; la peur est installée, l’ennemi désigné et les attentes de la population sont claires : ne plus revivre ce terrible épisode du 13 novembre. C’est tout le gouvernement qui se met en branle pour défendre les Français face à Daesh : l’état d’urgence pour traquer l’ennemi intérieur, les frappes en Syrie pour détruire l’ennemi extérieur et une déclaration à la Cour Internationale des Droits de l’Homme signifiant que ceux-ci ne seront peut être pas respectés.

Le jugement, altéré par l’émotion suite aux attaques, tombe facilement dans l’illusion d’un Etat bienveillant, à l’écoute de son peuple, uni dans la douleur. Mais les dérives quotidiennes de l’état d’urgence et la posture guerrière d’Hollande ne relayeront pas éternellement le contexte social explosif au second plan. Comme après Charlie, l’idylle des sondages risque de ne pas faire long feu, et le retournement de situation peut être aussi dur que les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence et du va-t-en-guerre.