En quelques mois, ce ne sont pas moins de 40 CRS et gendarmes mobiles qui ont été détachés sur la ville de Saint-Ouen, pour « sécuriser » les quartiers, comprendre renforcer les contrôles (au faciès) auprès de jeunes issus de quartiers populaires déjà bien habitués à la répression policière, au chômage, à la précarité, au racisme d’Etat. A cela s’ajoute la systématisation des opérations conjointes police-douanes contre les consommateurs de cannabis. Et que ces derniers soient les principales cibles de la coopération renforcée entre police locale, police nationale et douane a de quoi interpeler. En effet, sur les 1316 interpellations réalisées en six mois, 881 l’ont été pour infraction à la législation aux stupéfiants, dont 732 acheteurs. Les autres sont des petits revendeurs ou des guetteurs, et Cazeneuve lui-même reconnaît qu’ils ne sont « qu’une partie émergée de l’iceberg ». Ainsi la guerre contre la drogue est une guerre sociale sur fond de stigmatisation de toute une population. On s’attaque à ceux qui subissent déjà le trafic, consommateurs et vendeurs, sans chercher à comprendre ni remettre en question les raisons qui les y poussent : chômage de masse et misère sociale pour les uns, besoin de s’échapper d’une réalité trop dure à encaisser pour les autres.

Le maintien de l’interdiction du cannabis et des autres stupéfiants, outre le fait qu’il montre la propension de l’Etat à vouloir interférer dans nos choix de vie, participe à la persistance et à la légitimation des trafics et des violences qui vont avec. Afin de les combattre, luttons pour la légalisation des stupéfiants, et en premier lieu du cannabis, comme cela a déjà été fait pour l’alcool et la cigarette, pour leur commercialisation et leur vente par l’Etat, associée à une politique de sensibilisation et de prévention développée dès l’école. En outre, au chômage et à la précarité, seules perspectives que nous laisse gouvernement et patronat, opposons l’accès à un emploi stable pour tous et à une allocation d’autonomie pour les jeunes.