Trèves, groupe d’équipement automobile, c’est une dizaine de sous-traitants en France, des contrats avec les poids-lourds de l’automobile (Toyota, Citroën, Nissan…), près de 30 millions de chiffres d’affaires en 2015, soit une croissance de près de 40% de 2014 à 2015. Une affaire qui se porte assez bien en somme.

Déjà, en 2005, le sous-traitant textile du groupe, la manufacture Matt, se voyait confrontée à un plan de licenciement, privant 370 ouvriers de leur travail. Les plans sociaux mis en place face aux attaques du groupe n’ont fait que minimiser la casse. Après avoir affaibli la concentration ouvrière, ce sont maintenant la totalité des travailleurs de Matt qui sont concernés puisque c’est tout bonnement l’arrêt complet de la production sur le site qui est prévue d’ici 2019.

Face à cette menace, la totalité des travailleurs se sont mis en grève. Depuis le 6 juin, l’usine est en arrêt total, malgré l’intimidation du groupe Trèves, qui a déjà menacé les grévistes de faire appel aux forces armées. Des réunions ont eu lieu entre l’intersyndicale (CGT, CTFC, CFDT et FO), des élus locaux et nationaux et des dirigeants du groupe. La direction patronale a refusé les propositions de l’intersyndicale pour sauvegarder les emplois et la production sur le site. Leur ligne étant de maintenir très faiblement la production jusqu’en 2019, sans pour autant assurer la totalité des postes. Ce qui permettrait de licencier tranquillement les travailleurs et ne pas avoir à mettre en place un Plan de sauvegarde de l’emploi trop coûteux, cassant au passage toute possibilité de construction d’un rapport de force en faveur des travailleurs.

Dans une interview, Anthony, ouvrier de Matt et syndiqué à la CGT, revenait sur les revendications avancées par les travailleurs, à savoir la sauvegarde des emplois, la sauvegarde du site, mais, aussi, une sécurité financière issue d’un accord entre les dirigeants du groupe et l’intersyndicale. Et d’ajouter : « Ça peut paraître un peu contradictoire de dire qu’on veut de l’emploi et derrière une sécurité financière. Mais ces 130 salariés, s’ils n’ont pas une garantie financière derrière, face à tous les agissements du groupe Trèves à l’encontre des travailleurs et avec les ordonnances de Macron, on sait très bien que ça va pas être bénéfique pour eux. »

Les revendications ne peuvent être que contradictoires face d’une part à des grands groupes qui n’ont que faire des conditions des travailleurs, et qui n’ont pas à s’embarrasser de respecter des accords ; et face à un gouvernement qui soutient ouvertement les licenciements, et dont le but est de détruire tous les acquis du mouvement ouvrier. Après la réunion, en off, un dirigeant du groupe s’est donc permis de déclarer : « Vous connaissez comme moi la législation française, vous n’avez aucun droit, aucune légitimité à bloquer l’accès et la sortie de l’entreprise,et vous savez comme moi les conséquences que ça aura ».

Contre les pressions et les tentatives d’intimidation des classes dirigeantes, il s’agit donc maintenant de reconstruire un rapport de force au sein de l’usine, mais aussi en agrégeant des soutiens extérieurs, notamment d’autres structures syndicales du secteur, et plus largement. C’est en ce sens qu’est intervenu Anthony, militant CGT, le 10 juin, à Paris, où se réunissait le Front social. Une manifestation de soutien aura lieu ce mardi 13, départ 13h30, gare de Laon.