En grève reconductible depuis le 18 mai pour beaucoup, rejoints dans la bataille, le 31 mai par la CGT, les cheminots de la SNCF sont en grève, majoritaires chez les conducteurs et les roulants depuis au moins 14 jours. Pourtant, pour V., cheminote à Juvisy-sur-Seine, beaucoup savent que les cheminots n’ont « jamais obtenu quelque chose avec seulement 13 jours de grève », et qu’il en faudra plus pour faire plier la direction de la SNCF et le gouvernement.

Face à l’accord d’entreprise scélérat, spécifique à la SNCF, que souhaitait imposer Guillaume Pépy, sous la pression forte du gouvernement pour stopper la grève en plein Euro de foot, les cheminots savent bien que, si le décret-socle venait à s’imposer au reste de la branche, la SNCF ne pourrait pas longtemps être épargnée par la dégradation de leurs conditions de travail et de vie.

Certaines structures de la CGT-Cheminot se sont abstenus pour reconduire la grève pour demain, tout en déclarant ouvertement qu’il fallait se résigner à signer l’accord. Cela au prétexte qu’en cas de non signature, leur serait exclu la possibilité de dénoncer par la suite les accords locaux qui permettent de déroger à l’accord d’entreprise via l’article 49. A la gare d’Austerlitz, sous la pression de la base, la CGT a voté la reconduction de la grève – 81 pour, 0 contre et 2 abstentions -mais exprime un certain doute quant aux possibilités de reprise du mouvement le lendemain.

A Paris-Nord -55 pour la reconduction et 8 abstention - tout comme à Austerlitz, c’est Sud-Rail qui mène davantage la danse. Sud a appelé officiellement à refuser la signature de l’accord d’entreprise, tout comme FO. L’objectif de Sud, reste en plus de la grève, celui de constituer avec la CGT une majorité de 50% pour faire tomber l’accord. Reste à voir ce que l’annonce qui sera faite de la CGT-Cheminot à 18h. Si elle signait l’accord, cette possibilité deviendrait caduque.

Face à la position pour le moins ambiguë de la CGT Cheminot, la base des cheminots de la SNCF est clairement remontée. A Austerlitz, toujours, un gréviste interpelle ses camarades pendant l’AG : les larmes aux yeux, « qu’est ce que je vais expliquer à mes gosses de ce qu’on leur réserve pour leur avenir ? », révélant à quel point le combat des cheminots, loin de la « prise d’otage » dont l’accuse le pouvoir et les médias à leurs bottes, est exemplaire d’un combat pour l’avenir d’une société.