« Avec le fonds vert, le gouvernement est déterminé à agir pour affronter les défis écologiques face à nous. La planification écologique appelle une action commune, ambitieuse et s’incarne dans des projets concrets. », expliquait Borne lors de la présentation début avril des premiers lauréats du fonds vert, créé l’été dernier par le gouvernement et doté de 2 milliards d’euros.

Parmi les projets concrets sélectionnés pour faire face aux défis écologiques... deux bouées d’amarrage pour yachts géants dans le golfe d’Ajaccio, en Corse, financés par l’argent public du fonds vert donc, à hauteur de 521 000 euros.

« Actuellement, les ports insulaires corses, insuffisamment équipés, sont dans l’incapacité de répondre à la fréquentation croissante des navires de la grande plaisance (plus de 24 mètres) », explique le ministère de la Transition écologique. Qu’à cela ne tienne, il faut développer les infrastructures qui permettront aux grands bourgeois de se pavaner en yachts. Mais il faut également leur donner bonne conscience. Pour ça, la ministre de la transition écologique Pannier-Runacher sait trouver les mots : ce projet « sert à préserver la biodiversité des eaux Corses ».

On apprend également que le projet est éco-conçu, réalisé avec du béton bas carbone, et sert même de « nurserie pour les espèces marines  » selon les mots du ministère. C’est à se demander comment les poissons se débrouillaient avant l’arrivée de ces blocs de béton au service des caprices du patronat.

L’alibi du gouvernement pour ce projet est en effet la préservation des herbiers de posidonie. Ces herbiers marins abritent une biodiversité très riche, et peuvent stocker des quantités massives de carbone : ils représentent moins de 0,2% de la surface des océans mais comptent pour 10% du carbone absorbé annuellement par ceux-ci. Les yachts dévastent ces espaces, notamment en y jetant l’ancre. L’idée est donc de placer en mer des blocs de béton qui permettent un « éco-stationnement » aux yachts ultra-polluants.

Mais financer le développement du tourisme en yacht au nom de la biodiversité est un peu gros. Ces bateaux de grands bourgeois, en plus de dévaster la biodiversité marine, émettent des quantités astronomiques de CO2, et de polluants dans l’eau. De plus, dans ce projet, les bateaux passeront au-dessus des posidonies pour s’amarrer, perturbant profondément la vie dans cet écosystème, et mettant en danger la biodiversité comme le dénonce l’association locale de préservation de l’environnement U Levante.

Elle dénonce d’ailleurs le fait que ce projet s’accompagne d’un accaparement de l’espace maritime à l’usage exclusif des yachts et de leurs occupants. « “Madame ou Monsieur Tout le Monde” seront privés sur 10 hectares de toute activité nautique (pas de kayak, pas de paddle, pas de pédalos, pas de natation… Les 10 hectares seront réservés aux occupants de deux grands yachts », est-il précisé sur son site.

Ce financement par de l’argent public de bouées d’amarrage pour yachts sous prétexte de « transition écologique » est un nouvel exemple de l’écologie pro-patronale menée par le gouvernement. Dans le même temps qu’il aménage les côtes pour verdir en façade les loisirs ultrapolluants des grands bourgeois, les classes populaires sont sommées de se serrer la ceinture, et attaquées par le « plan Eau » ou encore les zones à faibles émissions. Le tout au détriment également de la biodiversité et de l’environnement. Une logique qu’il faut stopper nette en s’organisant par en bas pour porter un programme écologiste qui s’attaque aux destructions causées par ce grand patronat et le gouvernement qui le sert.