Les enquêteurs cherchent en fait à savoir si le FN a mis en place des contrats d’assistants parlementaires européens, pour que des employés ou cadres du FN soient rémunérés par le Parlement européen, alors que leur travail se cantonnait à la campagne du parti en France. « On ne peut pas être payé par le Parlement européen et travailler pour un parti », avait résumé Martin Schulz, qui a saisi le parquet de Paris sur cette affaire en mars 2015, lorsqu’il était encore président de l’assemblée.

Invitée au journal de 20 heures de TF1, la présidente du FN, a « formellement contesté les faits », estimant que la justice « ne doit pas perturber » l’élection présidentielle. Quelques heures plus tôt, elle avait déclaré que « les Français savent exactement faire la différence entre les vraies affaires et les cabales politiques. Ils le savent pertinemment ». Elle a estimé qu’il existait « un fort risque d’instrumentalisation de la justice » et que l’instruction aurait pu être menée plus tôt.

Depuis décembre, l’information judiciaire avait été ouverte pour des délits présumés d’abus de confiance et recels, escroqueries en bande organisée, faux et usages de faux, et travail dissimulé. Après les auditions de ses deux proches par les policiers de l’OCLCIFF, Marine Le Pen pourrait elle-même être visée par les investigations, car Catherine Griset et Thierry Légier étaient salariés comme ses assistants au Parlement européen.

Le Parlement de l’Union Européenne avait déjà tranché le caractère fictif de ces emplois en réclamant à Marine Le Pen le versement de près de 340.000 euros avant le 31 janvier, correspondant aux salaires versés à Mme Griset et M. Légier. Depuis, en l’absence de remboursement, le salaire de députée européenne de Marine Le Pen est ponctionné chaque mois. L’avocat du FN avait annoncé un recours devant la Cour de justice de l’Union européenne, pour demander l’annulation de ce recouvrement.

Après l’affaire des emplois fictifs de François Fillon, la présidente du Front National qui avait maintenu un silence coupable quant à l’affaire du « Pénélope Gate » pourrait bien entrer dans une zone de forte turbulence. A la manière de Fillon qui lui se la joue Sarkozy, Marine Le Pen a elle aussi choisi la stratégie de la dénonciation de la justice et des médias. Une plainte a ainsi été déposée pour faux et usage de faux à l’encontre de la direction de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf).
Mais, à la différence du FillonGate et ses emplois fictifs qui visaient directement l’argent du contribuable en France, ce sont des institutions européennes, « supranationales » qui l’accusent aujourd’hui d’emplois fictifs. En ce sens, la stratégie de Marine Le Pen, dont l’un des axes programmatiques importants est la rupture avec l’Union Européenne et l’Euro, visera bien à user de cette particularité pour affirmer qu’on veut faire taire le parti qui se dit « anti-système ».

Au-delà de ces particularités et des autres casseroles déjà existantes, ces ennuis judiciaires pourraient bien, comme pour François Fillon, poser quelques problèmes à la candidate du parti xénophobe et raciste. Une démonstration de plus que, comme l’ensemble de la classe politique, le FN qui défend le patronat bien français de souche, est, en plus d’être le pire ennemi des salariés et de la jeunesse, tout aussi corrompu.

crédits : Sarah Paillou/AFP