En 2013, alors qu’il voulait être maire de Tourcoing, Darmanin avait annoncé que si il était élu, il ne marierait pas les couples de même sexe. Dix ans plus tard, à l’occasion de l’anniversaire de la promulgation du Mariage pour Tous, le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer a déclaré à La Voix du Nord s’être « trompé » sur cette question et regretter avoir voté contre la loi.

Des « excuses » de la part d’un ministre accusé de viol qui a été un fervent partisan de la Manif Pour Tous (récemment renommé Syndicat de la Famille) et et qui a particulièrement exprimé son homophobie sur les réseaux sociaux dont l’hypocrisie a été largement dénoncée.

Ces propos volontairement polémiques du ministre de l’Intérieur s’inscrivent dans une stratégie de communication dont le gouvernement commence à avoir l’habitude : le pinkwashing. Après les coming-out d’Olivier Dussopt et de Sarah El-Haïry dans les moments les plus aigus de crise du gouvernement pendant la mobilisation contre la réforme des retraites, c’est au tour de Darmanin d’utiliser la lutte contre les LGBTI-phobies pour redorer le blason du gouvernement.

Ce qu’un vernis arc-en-ciel a du mal à couvrir, c’est notamment l’opération « Wuambushu » : une opération massive d’expulsions et de destruction des bidonvilles à Mayotte pilotée par le même Darmanin, avec le renfort de centaines de policiers et de gendarmes amenés sur l’île depuis la métropole avec la compagnie CRS 8, créée par Darmanin pour réprimer dans les banlieues.

Une opération répressive d’une grande violence qui se veut une vitrine pour la politique anti-immigration du gouvernement, et dont la logique va de pair avec les mesures centrées sur le renforcement de la police que prône Darmanin dans La Voix du Nord pour lutter contre les LGBTI-phobies. Le ministre parle en effet de « Cartographier les lieux où il y a le plus de violences faites aux personnes LGBT » pour y être « plus présents via une politique de vidéoprotection », et mettre « davantage de policiers nationaux à certaines heures »… En bref, augmenter les dispositifs policiers.

Toujours dans La Voix du Nord, Darmanin se félicite d’ailleurs de la formation de ces policiers : « depuis cette année, 100 % des policiers et gendarmes ont dans leur formation un module sur les violences contre les personnes LGBT » et appelle à ce que d’ici un an « l’intégralité des policiers et gendarmes passe au moins une journée ou une demi-journée à comprendre qu’il y a des qualifications spécifiques dans le droit et qu’il faut pouvoir accompagner les victimes [de LGBTI-phobies] ». Encore un coup de vernis progressiste sur une institution profondément répressive et réactionnaire.

Dans ce contexte, alors que nos luttes contre les violences LGBTI-phobes sont réduites à servir de paravent pour les opérations répressives du gouvernement, il est nécessaire que toutes les féministes et les militants LGBTI dénoncent l’offensive coloniale de l’opération Wuambushu et exigent le retrait définitif de tous les projets racistes et colonialistes du gouvernement.