Ce Mercredi 18 Mai, la Cour d’appel de Paris confirmait la mise en examen du cimentier français Lafarge pour « complicité de crimes contre l’humanité », aussi accusé de « financement de groupes terroristes » et de « mise en danger de la vie d’autrui » pour des faits s’étant produits en Syrie en 2013-2014, alors que Daech contrôlait une large partie du territoire Syrien.

Cela fait suite à l’enquête du Monde publiée en 2016 qui dévoilait les transactions financières entre LCS, la filiale Syrienne de Lafarge, et plusieurs organisations terroristes tel que Daech. Ces transactions, à hauteur de 13 millions d’euros, servirent à Lafarge pour continuer la production dans le pays et l’acheminement vers d’autres, alors même qu’il était en guerre, mettant en danger nombre de travailleurs.

Une plainte de l’État, par le biais de son Ministère de l’Économie avait été déposée en septembre 2016, débouchant, après une enquête, sur les mises en examens de plusieurs dirigeants entre 2017 et 2018 ainsi que celle du groupe Lafarge lui-même, pour « violation d’un embargo », « mise en danger de la vie d’autrui », « financement d’une entreprise terroriste » et « complicité de crimes contre l’humanité ».

Parmi les dirigeants arrêtés se trouvait Jean-Claude Veillard, Directeur de la Sûreté, et militant d’extrême droite par ailleurs, qui expliquait lors de son interrogatoire avoir été en contact régulier avec la DGSE. Il en va de même pour Christian Herrault, Directeur Général Adjoint, qui disait voir régulièrement l’ambassadeur Français qui incitait l’entreprise a rester sur place, car cette dernière représentait le plus gros investissement Français dans le pays. Une information que confirmait Libération en dévoilant une note de la DGSE qui indiquait la connaissance par l’Etat français de la nature des transactions entre le cimentier et Daech. Ces déclarations montrent toute l’hypocrisie de l’Etat Français et la politique impérialiste qu’il mène en Syrie pour préserver ses intérêts. Ainsi, la Cour d’appel revient sur son jugement de 2019 qui annulait la mise en examen, et s’aligne donc sur la décision de la Cour de cassation.

Les actions de Lafarge en Syrie montrent jusqu’où les industriels sont prêts à aller pour le profit, en exploitant des travailleurs peu coûteux, qu’ils n’ont eu aucun scrupule à exposer aux violences faisant rage en Syrie. Mais il est aussi important de garder en tête le rôle du gouvernement français, qui par ses contacts réguliers avec l’entreprise à cette période, s’est rendu tout aussi complice de ces actes et du financement de groupes djihadistes.