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Contrôle et viol du secret médical

Flicage des salariés : la sécu donne les causes des arrêts maladie à des employeurs

Comme le dévoile L’Express-L’Entreprise, l’assurance maladie s’est lancée, en novembre dernier, dans une expérimentation de contrôle des salariés et de réduction des arrêts-maladie au service des entreprises. Grâce à ce nouveau dispositif, la CPAM peut décider de rendre visite à certains employeurs, lorsqu’elle juge les taux d’absentéisme supérieurs à la moyenne et leur divulguer les motifs des arrêts de travail. Renforcement du contrôle social, viol du secret médical, la démarche n’est pas seulement éthiquement irresponsable, elle est également dangereuses pour la santé des salariés. Maladie réelle, situation de harcèlement, burn-out, cadences infernales ou management agressif, l’arrêt de travail constitue bien souvent un des derniers recours des salariés pour pouvoir préserver sa santé mentale et physique. Après le flicage de « chômeurs », voici la traque des salariés.

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Une volonté affichée de « rendre service » aux entreprises qui maltraitent particulièrement leurs salariés

La CPAM l’affirme, l’objectif n’est pas de contrôler les entreprises. Son objectif est de faire prendre conscience à l’employeur de ses écarts en matière d’absentéisme (par rapport aux entreprises du secteur) et de lui donner, dans un franc esprit d’entraide, des clés pour améliorer la situation. La prise de contact avec l’employeur se fait donc par l’intermédiaire des directeurs de caisse afin que le patron se trouve « en face de quelqu’un qui, potentiellement, connait les mêmes problématiques de gestions des ressources humaines », confie Laurent Bailly, responsable du département de service aux assurés et en charge du programme, dans son entretien à l’Express.

Solidarité professionnelle et esprit d’indulgence. Les employeurs concernés sont pourtant à la tête d’entreprises dont le nombre d’heures d’arrêt de travail est trois à quatre fois supérieur à la moyenne de leur secteur ! Ignorance et maladresse probablement… L’heure n’est donc pas aux sanctions ni même à l’inspection de l’entreprise. Le biais que choisit la CPAM pour aider ces entreprises à « revenir dans le droit chemin » est la divulgation des caractéristiques des pathologies liées à des troubles musculo-squelettique ou des risques psycho-sociaux qui motivent les arrêts de travail. Pour endiguer l’absentéisme, prétendument dans l’intérêt des salariés, la CPAM a opté pour une méthode bien singulière : elle informe le malheureux employeur de ses écarts anormaux tout en lui divulguant la nature des pathologies liées au travail qui affectent ses salariés et, afin que tout soit très efficace et crédible, elle contrôle systématiquement ceux-ci au préalable. Résultat des courses, les salariés épuisés par les cadences ou harcelés par le corps managérial se voient contrôlés plus systématiquement (alors même qu’ils travaillent dans les pires entreprises) et exposés auprès de leurs employeurs qui connaissent désormais la nature et la proportion des arrêts dus aux conditions de travail.

Contrôle des salariés et brèche ouverte dans le secret médical

Si la divulgation reste anonyme, néanmoins, il est clair qu’elle met en danger l’emploi des salariés. Etre affecté d’un trouble musculo-squelettique, a fortiori dans les entreprises où la pression est la plus forte, met en sursis l’emploi de la personne concernée. Or il est hypocrite de dire qu’une telle divulgation ne constitue pas une violation du secret médical sous prétexte de son anonymat. Les managers n’habitent pas de l’autre côté du globe, il est donc très facile pour eux de savoir précisément ce qui motive l’arrêt de tel ou tel salarié. De plus la CPAM reconnaît réfléchir pour, « à l’avenir, indiquer (pour les autres motifs) s’il s’agit de causes pouvant disparaitre en agissant sur la qualité de vie au travail, ou s’il s’agit juste de grippes et autres virus ». Qu’est ce que de telles informations vont devenir entre les mains des patrons ? Le secret médical est bien souvent la dernière protection des salariés poussés à bout par des patrons, qui, n’en déplaise à l’assurance maladie, sont parfaitement conscients de ce qu’ils font subir aux travailleurs pour leurs profits.


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