Gare de Lyon, sur les quais, trois policiers, un jeune homme noir, un contrôle d’identité. La scène est terriblement banale pour les personnes que l’État stigmatise et suspecte en permanence de n’avoir pas les bons papiers. Cependant, les circonstances particulières de cette interpellation ont cette fois-ci dépassé les limites de l’infâme. Alors que François Bayga vit en France, possède une carte pour l’aide médicale d’État, une carte de membre dans une association sportive et a entamé des procédures pour obtenir des papiers en préfecture, la police lui a tout de même fait subir un contrôle d’une extrême violence. En effet, ce jeune homme handicapé s’est vu intimé l’ordre de se défaire de ses prothèses, apparemment suspectes... Contraint d’enlever les jambes articulées qu’il porte, il s’est retrouvé, devant tout le monde, sans pantalon, assis sur le quai. Pourtant, rien dans son attitude, selon son témoignage, n’indiquait le refus de coopérer avec les forces de l’ordre. Après leur avoir fournis tous ses papiers ainsi que son téléphone, la méfiance des policiers n’a pas failli. François Bayga a alors été plaqué contre le mur pour une fouille intégrale. Réduit à se mettre à nu pour prouver son innocence, les policiers n’ont pas bronché quand ils ont constaté que le jeune homme a dû méthodiquement retirer toutes ses prothèses pour dissiper les suspicions qui planaient sur lui.
Finalement, il n’y avait aucun élément à charge contre François Bayga. Il a donc été relâché. En revanche, la vidéo qu’un passant a pu prendre constitue un document évidemment à charge contre la police. L’intervention finie, les trois policiers laissent sur le sol le jeune handicapé, ses prothèses éparpillées, lui jettent ses papiers devant lui, et prennent la fuite. Avec assurance, ils se dirigent vers les escalators pour fuir le lieu de leur forfait. Alors que l’auteur de la vidéo les poursuit et les interpelle pour protester contre le traitement indigne qu’ils ont réservé à ce jeune handicapé, les trois agents s’en lavent les mains et feignent de ne rien entendre. Encore une bavure qui tombera sous le coup de la loi du silence pensaient-ils sûrement, comme en témoigne le silence de la police de Paris.
Visiblement profondément choqué, la vidéo montre François Bayga, pendant plusieurs minutes, effaré de ce qu’il vient de subir. Un passant l’aide à remettre sa prothèse dans son pantalon. Il se relève mais reste interloqué. Comme il le déclare lui-même à France 24 : « Je me suis senti complètement humilié ».