Crédits photo : Révolution Permanente

Sur les 112 salariés sur la plateforme de Geodis à Gennevilliers, 80% sont en grève reconductible depuis lundi 17 octobre. Depuis une semaine, ils revendiquent une augmentation des salaires : « L’inflation est de 7%, qu’ils nous augmentent de 7% ! On a pas besoin d’avoir un bac +10, l’équation est claire », lance Mouloud, délégué syndical CGT.

Tous les jours, 60 000 colis passent par la plateforme de Gennevilliers et les travailleurs qui s’occupent du chargement et déchargement des camions, transportent des colis qui peuvent peser parfois jusqu’à 70 ou 80 kg. Tout ça pour un salaire qui tourne autour de 1 200€ par mois. Depuis le début de l’année, le site a enregistré une centaine d’accidents du travail. En cause un rythme de travail effréné imposé aux salariés de la plateforme qui sont contraints de déplacer des colis particulièrement lourds, contenant parfois des médicaments, produits dangereux, animaux, etc. 

Les grévistes revendiquent 150€ d’augmentation des salaires pour toutes et tous, 100€ pour les salaires les plus bas et une prime vacances de 1000€.

L’entreprise de logistique Geodis est une filiale de la SNCF qui a fait près de 11 milliards de chiffre d’affaires - une progression de 28% par rapport à l’année précédente - et 948 millions de bénéfices en 2021. Ses dirigeants n’ont aucun scrupule à s’accorder des primes, à l’image du vice-président qui en plus de son salaire mensuel de presque 25 000€, a touché 246 666€ de prime. 

Pour les grévistes qui peinent à finir le mois, la situation est inacceptable : « Comment se fait-il que le sale boulot soit fait par les ouvriers et on voit que nos salaires n’ont pas évolué mais par contre leurs salaires, et leur primes… C’est inadmissible ! » nous dit Mouloud. Abderrahmane, salarié de l’entreprise, renchérit : « Il y a de l’argent, mais nous on le voit pas ! [...] si nous on n’est pas là à la chaîne, est ce qu’ils vont gagner des millions ? Non. C’est nous qui faisons le boulot. »

Djibril, lui aussi salarié en grève, raconte : « A la fin du mois, ils m’ont payé 1 200 et quelques. 1 200, je suis père de famille. Le loyer, la nourriture, les enfants : il y a quoi qui va rester dans nos salaires ? Nada. Tu enlèves les transports et ça y est. [...] à la fin du mois c’est zéro, il y a rien sur ton compte. »

Il enchaîne : « Je suis prêt à me battre jusqu’à la fin parce qu’on a besoin de ça pour nourrir nos familles, sinon on peut pas s’en sortir. » La grève est reconduite tous les jours par les salariés qui se relayent par équipe pour être présents toute la journée sur le piquet de grève à l’entrée du site. Lors du vote, l’un d’eux s’écrie « Si on continue pas, c’est nous qui perdons. On continue jusqu’au bout ! » 

Cette lutte menée par des travailleurs précaires, pour beaucoup issus de l’immigration, qui relèvent la tête face à un géant comme Geodis est une lutte qui doit montrer l’exemple à l’ensemble de la classe ouvrière. Un rassemblement est organisé cet après-midi à 17h30 devant le site au 7/9 rue des mercières au Port de Gennevilliers.