Quelques mois après une précédente grève qui avait paralysé le réseau à l’automne dernier, les salariés de Montesson renouent avec la mobilisation dans le contexte de NAO (négociation annuelle obligatoire). Cette fois-ci, les salariés du dépôt d’Argenteuil qui font partie du même lot, sont aussi massivement en grève. Ensemble, ces près de 400 agents revendiquent au minimum 4%, alors que la direction ne leur propose que 2,5% soit environ 25€ net mensuel pour un conducteur.

Amine, délégué syndical SUD et conducteur sur le dépôt de Montesson se réjouit de l’unité qu’ils ont réussi à construire : « Aujourd’hui il y a une grande unité intersyndicale : FO, UNSA, SUD, CGT et CFE, des dépôts de Montesson et d’Argenteuil, nous sommes tous ensemble. Il y a des salariés de tous les secteurs en grève, qu’il s’agisse des mécanos, des conducteurs, mais aussi des agents de maîtrise, car l’inflation nous impacte tous. Les 2,5% que nous propose la direction ne suffisent pas, l’an dernier on avait eu 4% et ça ne nous permettait déjà pas de faire face à l’inflation. Tout ce qu’on demande, c’est que les salaires suivent l’inflation pour pouvoir vivre décemment ».

Eric, délégué CGT et salarié sur le dépôt d’Argenteuil abonde en ce sens : « On n’a pas vu une telle unité depuis 10 ans, à la fois intersyndicale, mais aussi au niveau des corps de métiers en grève, des conducteurs aux agents de maîtrise. Sur le site d’Argenteuil nous sommes 180 grévistes, quand on voit que l’inflation est plus de 2 fois supérieure aux augmentations que propose la direction, ce n’est pas possible ».

À quelques mois des Jeux olympiques, les agents refusent d’être sacrifiés de la sorte alors que des profits faramineux vont être dégagés. Omar, salarié sur le dépôt de Montesson et délégué SUD l’affirme, « c’est inadmissible, Keolis dégage un bon chiffre d’affaires et obtient de nombreuses lignes, ils vont engranger des milliards à l’occasion des JO et ils prétendent ne rien pouvoir nous donner ! C’est nous qui créons la richesse, c’est nous qui nous levons à 4h du matin pour faire tourner les lignes ».

Qui plus est, ces salariés ont déjà fait les frais cette année de la perte de leurs primes d’intéressement et de participation - qui s’élevait pour certains à 3000€ - ce qui avait suscité une large colère à l’origine de leur grève en octobre dernier. Soumis à l’ouverture à la concurrence et à leur reprise par la société Keolis, les accords ont été renégociés et certains acquis leur ont donc retirés. Depuis, la situation ne cesse de se dégrader.

En effet, la colère dépasse aujourd’hui largement la question des salaires. Comme les conducteurs de bus de nombreux autres dépôts en Ile de France, ils constatent une dégradation inédite de leurs conditions de travail, qu’il s’agisse de l’état du matériel, des cadences infernales ou du mépris général de la direction. 

Eric dénonce « des bus sont dans un état plus que lamentable, les salariés sont pressés par la direction pour aller toujours plus vite, on n’en peut plus ». « On revendique une amélioration de nos conditions de travail. Depuis notre dernière grève en octobre, la situation s’est encore dégradée, c’est une horreur, y compris pour les usagers : les sièges sont inconfortables, le matériel en sale état. Parfois on roule de nuit avec des feux de croisement inadaptés, ou avec des pare-brise fissurés, des clignotants qui ne marchent pas. Face à ces revendications, tout ce qu’ils nous proposent c’est des entrées pour le Parc Astérix, c’est du mépris » poursuit Omar.

Alors que les premières négociations n’ont rien donné, de nouvelles négociations devraient se tenir aujourd’hui. En attendant, les grévistes qui tiennent leur piquet tous les matins, appellent au soutien le plus large possible. Les travailleurs ont raison de se battre d’autant plus dans un contexte où l’inflation a conduit à une baisse des salaires réels.

Plus largement, c’est l’augmentation générale de tous les salaires d’au moins 400 euros et leur indexation sur l’inflation qui devient une nécessité pour tous les travailleurs. Par ailleurs, à quelques mois des Jeux olympiques et alors que les usagers font déjà les frais d’une gestion catastrophique du service des transports, la population a tout intérêt à soutenir cette grève contre une gestion au rabais de ce service public essentiel.