Quand sortir boire un verre, c’est risquer sa vie

 
Une semaine après les faits, Zak Ostmane a témoigné de son agression : vendredi soir dernier, Zak Ostman danse dans un bar à Marseille. Après avoir bu une gorgée de sa bière, il se sent mal, comme drogué. Un homme l’aborde et lui propose d’aller boire un verre chez lui. Sur le chemin Zak se rend compte que l’homme est accompagné. Une fois monté dans la chambre d’hôtel où on le conduit, il se fait frapper puis violer. Après le viol, les deux hommes prennent la carte bleue de Zak et lui demandent son code. Il donne un faux numéro. Lorsqu’ils reviennent bredouille du distributeur, les deux hommes sont furieux et frappent à nouveau Zak. L’un d’eux déchire un drap de lit, attache ses bras et ses chevilles et ils continuent de le rouer de coups de pieds, au visage et au ventre. Zak hurle de toute ses forces mais on menace de le tuer s’il continue. Le lendemain, il demande à partir mais les agresseurs refusent. Le dimanche matin, Zak entend une voiture de police dehors. Il tente alors le tout pour le tout et appelle à l’aide par la fenêtre. La police débarque, arrête les agresseurs et amène Zak à l’hôpital.

Zak Ostmane indique avoir porté plainte au commissariat du 2ème arrondissement de Marseille. Le parquet de Marseille confirme l’ouverture d’une information judiciaire pour cinq chefs d’accusation : viol, séquestration, vol aggravé, violences aggravées et extorsion. Les deux agresseurs présumés ont été identifiés et placés en détention provisoire. Il s’agirait d’un ancien membre de la Légion étrangère et d’un légionnaire déserteur, selon le quotidien La Provence.

L’homophobie, toujours aussi présente dans ses formes les plus violentes en France

 
Pourquoi un tel acharnement de violence ? Parce que Zak est gay. « L’agression est homophobe, cela ne fait pas l’ombre d’un doute.  » écrit par mail Véronique Godet, co-déléguée de l’association SOS Homophobie dans la région PACA (l’association envisage de se constituer partie civile auprès de Zak). Déclaré persona non grata en Algérie après avoir publié un manifeste en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité (le Code pénal algérien condamne les homosexuels à 2 à 5 ans de prison ferme), Zak Ostmane a reçu le statut de réfugié en France il y a trois ans. Mais l’homophobie sévit aussi en France et dans ses formes les plus violentes. L’agression de Zak en est l’illustration tragique. Nous apportons notre soutien à Zak, dont le témoignage courageux doit être l’occasion d’une prise de conscience de cette violence vécue au quotidien, et d’une libération de la parole des victimes. L’information judiciaire qui vient d’être ouverte doit apporter vérité et justice pour Zak, et ne peut être aveugle aux circonstances aggravantes d’homophobie qui sont au cœur de cette agression. De ce côté ou d’un autre de la Méditerranée, halte à l’homophobie !