La question des disparitions forcées en Égypte a défrayé la chronique mondiale en février, avec la découverte du corps du doctorant italien Giulio Regeni, qui a disparu au Caire le 25 janvier. Giulio était doctorant à l’Université de Cambridge et faisait son travail de terrain en Égypte pour sa thèse sur les syndicats indépendants. Une autopsie réalisée en Italie a montré qu’il avait été torturé à mort. Les procureurs égyptiens ont également confirmé dans un premier temps qu’il y avait de nombreuses traces de torture sur son corps, mais d’autres sources officielles au Caire ont fait des déclarations contradictoires, affirmant que Giulio est mort dans un accident de la route, afin d’éviter le conflit.

Bien que la mort atroce de Giulio ait mis en lumière les disparitions et la torture en Égypte dans les médias internationaux, de telles expériences sont monnaie courante pour les activistes égyptiens et les militants des Droits de l’Homme. La Commission égyptienne pour les droits et libertés a documenté 340 cas de disparitions forcées entre août et novembre 2015. Dans de nombreux cas, les victimes ont été en garde à vue, même si certains ont été retrouvés morts. L’ERCF (Egyptian Commission for Rights and Freedoms) a identifié l’Agence de la Sécurité Nationale, qui relève du ministère de l’Intérieur, et le Département des renseignements militaires des forces armées comme étant impliqués dans de nombreux cas d’enlèvements et de torture.

Le centre El Nadeem, une ONG égyptienne bien connue de défense des droits de l’homme qui soutient les victimes de la torture, s’occupe également de la documentation des cas de disparitions forcées, de torture et de décès en détention. Pour janvier 2016, ce centre a déclaré 195 décès, 42 cas de torture, dont 8 personnes torturées à mort, 60 cas de négligence médicale, 20 cas de violence de groupe par la police, 66 disparitions forcées, tandis que 32 personnes seraient réapparues dans divers lieux de détention, dans certains cas plusieurs mois après leur disparition.

L’action d’Amnesty International a mis en lumière de nombreux exemples horribles de torture dans les commissariats égyptiens. Le poste de police du quartier d’Al-Mattariyya, au Caire, a un bilan particulièrement violent : trois détenus y sont morts par suite de torture et de négligence en l’espace d’une seule semaine à la fin février 2015. Selon le centre El Nadeem, un total de sept détenus sont morts à al-Mattariyya au cours de l’année 2015.

Les disparus qui réapparaissent en garde à vue ou en prison ne sont pas à l’abri des abus. Les chiffres de El Nadeem pour janvier 2016 comprennent 11 cas de décès dans les prisons et postes de police par suite de négligence médicale.

Ce que vous pouvez faire :

Des universitaires de l’Université de Cambridge et à travers le monde ont lancé un appel pour une enquête indépendante sur tous les cas de disparitions forcées, la torture et les décès en détention pendant les mois de janvier et de février en Égypte. Inscrivez-vous en ligne pour être tenu informé de la campagne.

Traduit par Thabitha Kali