La politique fiscale, un pansement sur une jambe de bois

Hollande avait mis en place une taxe sur les dividendes versés aux actionnaires afin d’entretenir l’illusion qui planait alors encore autour de ses promesses de campagne. C’est cette taxe que l’Etat se voit aujourd’hui contraint de rembourser à hauteur de 10 milliards d’euros. Cet enfumage politique à coup de réformes mal ficelées tombe le masque aujourd’hui : les entreprises n’ont rien payé, elles ont placé leur capital dans le budget de l’Etat. Néanmoins, comme les gouvernements se refilent sans cesse la patate chaude du déficit, Bruno Lemaire met en place une autre combine pour le gérer. Partage des richesses ? Aucunement car la réforme à venir n’est qu’une temporisation de plus pour faire face à l’imprévu de la facture. Le Medef qui d’ores et déjà se refuse à payer cet impôt n’aura aucun mal à faire invalider de nouveau la réforme qui s’annonce encore plus brinquebalante que la précédente. Au total qui paiera la casse ? Nous autres. Cet épisode démasque les politiques fiscales prétendument à gauche des gouvernements sociaux-démocrates. Cette réforme n’était qu’un leurre, comme celle-ci n’est qu’un leurre également. Elles ne permettent que d’abaisser temporairement les contradictions des politiques austéritaires voulues par le patronat lui-même qui spécule largement sur la dette mais qui se bat bec et ongles pour que tout l’effort d’économie ne pèse que sur les seules épaules des contribuables.

Derrière la mascarade, une réalité, le capitalisme n’est pas aménageable

Plus largement cet épisode doit nous permettre de disqualifier toutes les utopies fiscales qui pullulent à la gauche du PS de Hollande. Le capital et son arme de combat, le Medef, possèdent des avantages juridiques, institutionnels et économiques qui lui permettent de lutter efficacement contre toutes les politiques fiscales qu’il juge à son désavantage. De plus, l’accrochage momentané entre le gouvernement et le patronat que lui-même a pourtant salué pour avoir « engagé les réforme pro-business » qu’il attendait, montre à quel point la période de crise que le capitalisme vit exacerbe la lutte pour la hausse du taux de profit et rend impossible les mesures visant à gérer le capitalisme et ses « excès ». Du point de vue des réformes nous n’avons plus rien à attendre, elles ne sont que des mascarades politiques ou au mieux des coups d’épée dans l’eau. Le seul langage que le patronat comprend est celui de la lutte des classes, parlons lui cette langue.