En matière d’intox, l’extrême droite est particulièrement loquace. En effet, Ramlati Ali est apparue vêtue d’un « châle » traditionnel majorais sur sa photographie à l’Assemblée Nationale. C’est alors que la « polémique » a enflé sur les réseaux sociaux avec une multiplication de message dénonçant l’entrée du voile à l’Assemblée Nationale, alimenté par certains médias dominant tel que l’Express qui a tout simplement affirmé que « la députée de Mayotte, Ramlati Ali, a posé avec son voile islamique pour la photo officielle ». Des messages haineux sous couvert de défense de la laïcité.

Du Front National jusqu’aux individus et groupuscules les plus divers, c’est l’ensemble de la fachosphère qui s’est mise en branle pour dénoncer cet acte « anti-laïc », profitant de l’aubaine pour égratigner Emmanuel Macron sur le terrain identitaire et nationaliste. Bien sûr, il n’est pas inutile de rappeler que les « glorieux aînés » de ces auto-proclamés défenseurs de la laïcité républicaine furent bien silencieux dans la période post années 60, lorsque de grandes figures comme l’Abbé Pierre (1945-1951) ou le député-maire de Dijon, le chanoine Kir (1945-1967) ont siégé en tenue religieuse au sein de l’hémicycle. Bien sûr, « l’affaire » Ramlati Ali sert ici de prétexte à la stigmatisation des musulmans ou assimilés comme tel, afin de recentrer les débats publics autour des questions chères à l’extrême droite : immigration, identité nationale etc.

L’autre aspect, plus implicite, concerne bien évidemment le caractère très pro-colonial de cette attaque massive. En effet, le fait est que Ramlati Ali, par injonction à une neutralité qui, par ailleurs, ne concerne pas les députés, est sommée de se vêtir à la « métropolitaine », par acculturation totale. Une entreprise qui caractérise, bien évidemment, l’histoire coloniale française (et l’histoire coloniale tout court).

Bien entendu, la défense de la « laïcité républicaine » n’est en rien une solution, puisque l’extrême droite en fait encore une démonstration. Il s’agit là d’un instrument puissant pour attaqué l’ensemble des minorités, à assimiler des populations entière à une communauté religieuse, tout en déclarant comme faisant partie « du patrimoine » l’ensemble des manifestations, événements ou signe ostentatoire d’appartenance au catholicisme et à la chrétienté. Dans le cadre général de promulgation, depuis des années, des lois racistes et islamophobes, tout comme celui des violences policières dans les quartiers populaires, sont en recrudescences, « l’affaire » Ramlati Ali démontre la nécessité de lutter pied à pied contre l’islamophobie d’État et les politiques coloniales de l’impérialisme français.