A quelques jours de la rentrée scolaire, la rue comme seul horizon

Coincé entre l’autoroute A86 et les voies du RER B, Le Samaritain était désigné par ses résidents comme un « village », avec ses 3 ruelles, son église et son chef. Une trentaine d’enfants y étaient scolarisés, comme Gyongy, 17 ans, qui s’inquiète pour sa rentrée scolaire : « On nous a proposé un hébergement à Poissy pour quelques jours. C’est à 40 kilomètres de mon lycée. Si je ne fais pas ma rentrée jeudi prochain, je vais perdre ma place. Et ça a été dur de s’inscrire », a-t-elle confié à Metronews. En effet, selon un médiateur de l’ASET (association d’Aide à la Scolarisation des Enfants Tsiganes), depuis que l’expulsion - demandée depuis 2013 par le maire PCF de La Courneuve - avait été actée par le tribunal, la mairie avait cessé d’inscrire les enfants du Samaritain.

Malgré les difficultés, certains jeunes ne manquent pas de projets, à l’image de Jozsef Farkas, 17 ans, qui avec sa maitrise de six langues, a trouvé un poste d’interprète et d’accompagnateur social à l’association Les Enfants du Canal. Son rêve, devenir aide-soignant. « 300 personnes dans la rue, c’est vraiment très difficile, on ne sait pas où aller ». De la bouche de l’adolescent, ces mots résonnent comme une ritournelle, ce refrain qui revient à chaque expulsion, condamnant des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants à l’insécurité d’un horizon incertain.

La campagne de solidarité n’aura pas suffit

Sur les 300 résidents, seuls 12 personnes identifiées comme « plus vulnérables » se sont vues proposer une solution d’hébergement d’urgence des plus rudimentaires, consistant en trois nuits d’hôtels parfois à des dizaines de kilomètres de là. Une fausse solution présentée comme une faveur par la préfecture de Seine-Saint-Denis. Il faut dire que cette dernière, tout comme les mairies de Seine-Saint-Denis, qu’elles soient de droite ou de gauche, ont une expérience aguerrie en matière d’évacuation de camps de rroms. Le 21 juillet, c’est le camp de Bobigny qui était évacué et détruit. A Saint-Ouen, la mairie Front de Gauche avait procédé par deux fois, en 2008 puis en 2013, à évacuer un bidonville installé sur les Docks, avant de passer le flambeau à l’actuelle mairie de droite qui s’est chargée d’expulser le « village d’insertion ».

A La Courneuve, les associations avaient présenté au maire PCF, Gilles Poux, un projet autofinancé consistant à nettoyer le bidonville, y installer l’eau courante et travailler à la scolarisation des enfants. Mais ni les photos de solidarité postées sur les réseaux sociaux, ni les 38.916 signatures recueillies par une pétition en ligne n’auront suffit à convaincre la mairie, qui s’est contentée de répliquer que « la pérennisation du bidonville tel qu’il est structuré n’est pas une solution ». De quoi ravir le Front national, qui répliquait sur sa page Facebook de Seine-Saint-Denis : « Même si cette évolution dans la politique sociale démagogique et clientéliste prônée par les communistes est surprenante, une fois n’est pas coutume, nous leur témoignons notre soutien ».