Une étude de l’Ifop pour la fondation Jean-Jaurès, sous l’égide du psychiatre et professeur de médecine Michel Debout, confirme que la France compte le plus grand nombre de suicides en Europe. Que ce soit en mesurant le pourcentage de la population qui y a déjà pensé vaguement (19 %) ou sérieusement (15 %), la proportion de ceux qui ont fait une tentative ayant provoqué une hospitalisation (5 %) ou qui ont un proche passé à l’acte (30 %), l’Hexagone dépasse à chaque fois l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne. On cite souvent le chiffre entre 10.000 et 11.000 de cas chaque année. « L’équivalent d’une petite ville qui disparaît », selon un spécialiste.

Alors qu’il s’agit la plupart du temps pour les patrons et les médias dominant d’invoquer une « cause personnelle » pour expliquer ces suicides ou des « causes plurielles », ce n’est pourtant pas pour rien si l’on observe une corrélation entre la montée des suicides et la détérioration des conditions de travail. Les cas du technocentre de Renault ou d’orange en sont par exemple l’illustration, ou encore plus récemment, lorsque c’est une vague de suicide d’infirmier-e-s qui déferle, toujours en lien avec la détérioration des conditions de travail dans les hôpitaux.

La montée de la précarité ou du stress, sans oublier les situations de harcèlement et les conditions de travail conditionnent la majeure partie de la vie des salariés et sont déterminantes, quand il s’agit de suicides. Les salariés ne sont pas les seules victimes. Boulangers, pharmaciens, agriculteurs, travailleurs indépendants de tous ordres et les petits patrons ne sont pas épargnés par le phénomène, en raison des semaines de travail sans fin, des droits sociaux réduits et des risques de perte de leur très petit patrimoine, durement accumulé, sans compter la pression de la hausse des prélèvements obligatoires qui pèsent essentiellement sur eux.

Avec la hausse de la productivité, la hausse du temps de travail, et la hausse de la précarité, que vont notamment aggraver la loi Travail, ces suicident ne peuvent qu’augmenter. C’est cette société qui structurellement produit les conditions de ces suicides. Ainsi, la lutte contre la hausse des suicides ne peut se réduire à la prévention. C’est une lutte plus large et plus globale dont il s’agit. Contre la souffrance au travail, contre la précarité, pour un vrai CDI pour tous, et une baisse du temps de travail sans perte de salaire. C’est la lutte pour l’abrogation de la loi Travail, et contre son application entreprise par entreprise. C’est aussi lutter contre le monde que le gouvernement et le patronat souhaite nous imposer !