Mardi 9 avril, Mehmet Kopal, militant kurde soumis à une OQTF a été expulsé par l’État Français vers la Turquie. Le lendemain, il est apparu sur les plateaux de TV turques, menotté avec un drapeau de la Turquie en arrière-plan, tel un butin de guerre. Une façon pour Erdogan de revendiquer l’arrestation du militant kurde, livrée par la France en toute connaissance des risques répressifs qu’il encourait. C’est le deuxième militant kurde expulsé en moins de deux semaines - Firaz Korkmaz ayant lui aussi été récemment remis à la Turquie.

Une politique de complicité avec le régime de terreur turque, que la loi immigration adoptée il y a quelques mois vient renforcer. C’est ce que dénonce le Conseil Démocratique Kurde en France dans un communiqué publié mercredi : « Ces pratiques, incluant le retrait de statuts, le gel des avoirs, et les nombreuses expulsions, constituent un acharnement déplorable et laissent une tache indélébile dans l’histoire de la France ».

Le Conseil Démocratique Kurde en France avait déjà dénoncé la collaboration directe de l’État Français avec Erdogan lors de l’expulsion de Firaz Korkmaz en mars dernier, en organisant une manifestation à l’aéroport de Roissy pour tenter d’empêcher l’envoi du militant vers les geôles turques.

Mais la complicité du gouvernement français dans la répression de militants politiques ne se limite pas à la Turquie. En décembre 2023, Darmanin a par exemple outrepassé la décision du Conseil d’État et de la Cour européenne des Droits de l’Homme pour expulser un ressortissant Ouzbek, menacé de mort et de torture dans son pays d’origine. Le ministre de l’Intérieur avait déclaré à l’époque : « Nous allons tout organiser pour qu’il ne puisse pas revenir. On peut quand même s’en réjouir ! ». De même, en décembre 2020, la France expulsait vers la Russie Daoud Muradov, un demandeur d’asile tchéchène. Incarcéré dans la prison de Grozny, où il perdra la vie en 2022.

Cette expulsion s’inscrit dans la continuité des expulsions de militants kurdes, accordée par les impérialistes occidentaux à Erdogan pour permettre à la Suède de rentrer dans l’OTAN. Alors que Macron veut s’ériger en grand défenseur de la « démocratie » face à Erdogan, l’expulsion de Mehemet Kopa vient tristement rappeler que les intérêts des deux chefs d’États convergent lorsqu’il s’agit d’opprimer les peuples.