Selon les chiffres annoncés pendant le CCGPF, la branche mobilités serait la plus touchée avec 1 215 postes supprimés. Il y aurait entre 277 et 285 suppressions au sein de l’Établissement public qui chapeaute les branches « SNCF Réseau » et « SNCF Mobilités ». Ainsi, la SNCF continue à massacrer, le groupe ayant déjà supprimé 1 400 postes nets en 2016, soit 1 % de ses effectifs. En 2015, le projet de budget avait programmé 1 100 suppressions de postes (-0,7 %). Autant ont été enregistrées en 2014. Année après année, c’est bien une saignée de l’emploi que la direction de la SNCF, et l’État derrière, entreprennent depuis plusieurs dizaines d’années.

Cette année, pour justifier ces nouvelles suppressions de postes, la SNCF use notamment du « mauvais chiffre d’affaires » réalisé dans la branche mobilités qui a réalisé un chiffre en dessous du budget initial (-3,1 %). En soi, user de telles justifications révèle ouvertement que les normes du secteur privé sont bien celles avec lesquelles la direction compte gérer l’entreprise, pour le moment publique, de la SNCF. Pour imposer ses suppressions massives de postes, la direction a organisé notamment, via la contre-réforme de 2014, la mise en exergue des déficits abyssaux notamment de SNCF Réseau. L’objectif étant de justifier ensuite, pour des raisons de viabilité, les suppressions de postes.

Et c’est une dynamique de fond. Depuis 2003, c’est un véritable massacre de l’emploi qui a vu plus de 26 000 départs non remplacés. A cela, s’ajoutent la précarisation du travail, la hausse de la productivité, le tout au détriment de la sécurité des salariés et des usagers. Pourtant, la SNCF ne compte pas en rester là. Ainsi, ces nouvelles suppressions de postes sont à inscrire dans un plan global de casse de l’emploi réalisé en 2015 à la demande de la direction de la SNCF par le cabinet Degest. Un plan qui prévoyait la suppression de 11 000 à 13 000 postes d’ici à 2020. Quoi qu’il en soit, ce n’est plus d’une privatisation rampante dont il s’agit mais bien d’une privatisation tout court.

Et cette privatisation n’est plus une idée vague. Elle prend aujourd’hui concrètement forme notamment à travers la privatisation de lignes entières de TER dans les Pays de la Loire pour une ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire régional. Parmi les opérateurs nationaux dont les noms circulent pour opérer ces lignes, on y trouve notamment deux entreprises dont les capitaux dépendent largement de l’argent public, dont Veolia Transdev, filiale de Veolia et de la Caisse des dépôts, ou Keolis filiale de la … SNCF ! C’est un « coup de force » qu’a dénoncé la CGT Cheminots en appelant les cheminots à la grève vendredi contre le projet de privatisation des TER.

Contre ces milliers de suppressions de postes, la précarisation ainsi que l’augmentation du temps de travail comme pour les cadres, et cette privatisation qui ne cachent plus son nom, il s’agit bien d’organiser la résistance. C’est en ce sens que les cheminots de Paris-Nord appellent à la grève : « Pour nous, ce sont des centaines d’emplois qui devraient être créés et non supprimés, des centaines de millions d’euros qui devraient être dépensés dans la maintenance des voies, l’achat de rames, de nouveau matériel et la rénovation des gares ». Les cheminots de tous les corps de métiers, de différents secteurs et régions, ainsi que leurs soutiens, se mobiliseront le vendredi 16 décembre à 9h45 à Gare du Nord, voie 19. Un premier pas pour poser les bases d’une mobilisation pour relever la tête et faire reculer définitivement la direction et lui faire avaler ses projets.