Crédits photo : Radio Canada

Mohamed Bouderbala a été retrouvé mort vendredi dernier. Il faisait partie d’un groupe de près de 500 migrants enfermés par les autorités espagnoles dans la prison d’Archidona le mois dernier, pour des raisons dites de la saturation des centres de rétention.

Plusieurs associations avaient déjà protesté contre ce placement en prison et alerté du danger inhérent à cette criminalisation de fait des migrants. Le Service Jésuite aux Migrants, associations catholiques accompagnant les migrants au sein des centres de rétention, avait ainsi accusé les autorités de violer « des droits et garanties constitutionnels ».

Après une visite de la prison, le défenseur des droits espagnols avait souligné, fin novembre, dans un communiqué, que les conditions de détention ne respectaient pas les normes de la rétention. De la gestion des migrants internés par des policiers armés aux problèmes sanitaires, le défenseur des droits demandait à la prison d’Archidona de respecter les règles, en soulignant que les migrants internés n’étaient pas des criminels.

Par la suite, des tensions auraient éclaté au sein de la prison, les détenus dénonçant leurs conditions d’enfermement. Ces tensions ont abouti à une intervention répressive violente de la police jeudi dernier, dont témoignent plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Curieusement, ni cette intervention policière ni la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et les chaînes de télévision algériennes, ne sont mentionnés dans les articles évoquant la mort du migrant algérien.

Or, ces informations éclairent d’un jour nouveau la mort de Mohamed Bouderbala. D’une part, certaines personnes ont pu dans un premier temps mettre en doute le récit des policiers, suggérant que la mort du migrant algérien pouvait être liée à la répression exercée par la police, et non à un suicide.

Ainsi, selon un journaliste espagnol, le migrant algérien décédé emprisonné dans un centre de rétention en Espagne ne s’est pas suicidé. Selon Sergio Rodrigo, qui travaille pour le journal El Mediterraneo, le jeune Mohamed Bouderbala aurait succombé à ses blessures après avoir reçu plusieurs coups assénés par des agents de police anti-émeute espagnols.

Cette histoire semble d’autant plus dramatique qu’il est probable que la gestion « pénitentiaire » de la rétention, loin d’être exceptionnelle, préfigure l’avenir d’une gestion répressive des flux migratoires.