C’est pour tout cela qu’il faudra être en grève le 15. Alors, bien entendu, on entend déjà la ritournelle du gouvernement, reprise par les médias : « moins de monde dans les cortèges qu’au printemps ». Qu’il y ait un fléchissement numérique après quatre mois de lutte, là n’est pas l’essentiel de la discussion qui serait plutôt de savoir comment continuer. Car, indépendamment des chiffres, encore une fois, nous sommes des dizaines de milliers, dans les boîtes, les administrations, les facs ou les lycées, équipes syndicales combatives, militants et militantes, à ne pas vouloir nous contenter d’un dernier tour de piste.

Car la solution ne sera pas « continuer le mouvement » devant les tribunaux. Les camarades qui ont été arrêtés, matraqués, déférés et jugés, savent ce que « justice » veut dire dans ce pays. Ce serait un leurre, également, que d’attendre 2017 et voter pour « le bon candidat » à gauche de Hollande pour attendre qu’il abolisse quoi que ce soit.

Les bagarres vont commencer, tôt ou tard, boîte par boîte, contre l’application de la loi. Pour poursuivre le combat, il faudra maintenir ce qui a fait la force de notre mouvement et ce qui a fait peur au gouvernement. Ainsi, il est impensable que telle ou telle direction syndicale se défile, il faut le tous ensemble. Pour ce qui est des méthodes, il faudra resservir au patronat celles qui sont les nôtres et qui lui ont fait peur, chez les raffineurs ou les dockers, mais pas seulement : la grève et les piquets pour bloquer le lieu de travail. C’est sur cette base-là que l’on pourra coordonner les luttes à venir et éviter leur isolement. Le dernier ingrédient nous a été donné, la semaine dernière, par les salariés de la Fonderie du Poitou, à Châtellerault, qui ont fait grève pour l’embauche de tous les intérimaires. Une façon de dire que la hausse des cadences, la dégradation des conditions de travail et la précarité, éléments-clés que la loi travail vient renforcer, est une question d’ensemble.

Le 15, c’est ce qu’il faudra que l’on dise à nos directions syndicales, pour exiger d’elles un plan de bataille clair, avec nos méthodes, pour les mois à venir. C’est ce qui doit nous servir de calendrier, non seulement parce que celui de la primaire à droite ou à gauche ne se concentre pas sur le souci présent dans le monde du travail et de la jeunesse ; mais aussi parce que ce sera le meilleur moyen pour contrer l’offensive réactionnaire mise en place par le gouvernement contre les collègues et les populations désignées comme « musulmanes » et qui fait le jeu du FN.