Attaques en série contre les droits acquis des travailleurs

La semaine passée, Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’il allait proposer un ensemble de réformes, lançant ainsi sa campagne pour les primaires des Républicains. Plus macroniste que Macron, Sarkozy avait déjà joué d’un effet d’annonce quant à ses propositions économiques, notamment en ce qui concerne les 35 heures, par nécessité de se positionner face à son principal rival, Alain Juppé. Il a officialisé ses propositions ce mercredi, en préparation de la journée de travail sur le Code du Travail organisée par son parti, jeudi 1er octobre.

« Toute entreprise qui souhaitera s’exonérer des 35 heures devra pouvoir le faire. Soit avec l’accord des partenaires sociaux de l’entreprise. Soit par référendum au sein de l’entreprise. » Telle sera donc sa réponse à Alain Juppé, favorable lui aussi à la suppression des 35 heures. Sarkozy se démarque de ce dernier en conservant ce seuil, laissant le libre choix à chaque entreprise de fixer la durée du temps de travail des employés, mais en les encourageant tout de même à augmenter le temps de travail. Les incitations envisagés pour cela consistent en une augmentation de l’allègement des cotisations sociales patronales jusqu’à 39 heures, ce qui lui permet d’arguer que les heures au-dessus des 35 heures leur coûteront moins chères. Il se défend d’une logique de « travailler plus pour gagner moins », quand pourtant les heures au-dessus de 35 heures ne seront donc plus rémunérées en tant qu’heures supplémentaires, et que le patron des Républicains ne remet pas en cause le cas de Smart, qu’il appelle un « cas spécifique de sauvegarde de compétitivité ». Ce sont donc bien les travailleurs qui vont en pâtir, quand les patrons recevront des incitations financières à l’augmentation du temps de travail.
Dans la suite de la série, Sarkozy annonce l’autorisation des licenciements économiques, et affirme que les réorganisations au sein des entreprises doivent être sous le contrôle des patrons, et non des juges. Gant de velours enveloppant sa main tendue au patronat, quand il referme sa poigne de fer sur la gorge des travailleurs en proposant, pour couronner le tout, de plafonner les indemnités de licenciements ! A quand un plafonnement des parachutes dorés, et autres rémunérations scandaleuses des grands patrons ?

La salve des attaques se termine sur la proposition de dégressivité de l’allocation chômage à partir de 12 mois, à laquelle s’ajoute la mise en place d’une allocation sociale unique remplaçant celles existantes (RSA, allocations logement…). L’ensemble ne cherche qu’à diminuer toujours plus les aides destinées aux plus modestes, et entretenant le mythe de l’assistanat. Enfin, Sarkozy propose l’augmentation de l’âge légal de la retraite à 63 ans dès 2020.

Toujours plus de cadeaux aux patrons

Par la généralisation des accords entreprise par entreprise ainsi que le contrôle donné aux patrons quant aux réorganisations, c’est le pouvoir de ces derniers que Nicolas Sarkozy cherche à renforcer. Mais le candidat ne s’arrête pas là, affirmant que « la négociation sociale doit désormais se dérouler d’abord dans les entreprises, plutôt qu’au niveau de la branche ou du confédéral » – ce qui revient à privilégier le pouvoir décisionnel des dirigeants d’entreprise, au détriment de la réglementation établie par le Code du Travail.

Dans le même temps, venant s’ajouter aux compensations financières à destination des patrons qui exonèreraient les 35 heures dans leur entreprise, Sarkozy annonce une série de mesures fiscales, toujours à l’avantage du patronat. Il compte ainsi aligner le niveau de fiscalité des entreprises sur la moyenne européenne et, s’il parle de la nécessité d’un « choc fiscal positif », il entend malgré tout diminuer les charges pesant sur le travail et créer un SMIC sans charge pour l’employeur. Des charges payées par les employés, il n’en parlera pas. De même, il annonce la suppression de l’ISF, mais n’annonce rien à destination des travailleurs plus modestes, reconnaissant au détour d’une phrase que la pression fiscale est « insupportable »… mais seulement pour les classes moyennes.

Quid des droits des travailleurs ?

Si on lit entre les lignes, ce sont les droits des travailleurs qui sont dans la ligne de tir tout au long des propositions de l’ancien chef de l’Etat.
La généralisation des accords locaux, avec des décisions spécifiques à chaque entreprise, va entraîner une diminution de la force des salariés, avec une perte de pouvoir de leur influence dans les décisions, et un isolement de leurs éventuelles luttes, puisque leurs revendications ne pourront être qu’internes à leur propre entreprise.

Par ailleurs, Sarkozy organise le contournement de la difficulté d’obtenir un accord avec les syndicats, en proposant l’organisation de référendum à majorité simple en cas d’impossibilité d’accord. En remettant le choix entre les mains des salariés, de même qu’en affirmant vouloir que ce soit eux qui élisent les délégués sociaux et non plus les syndicats, il donne l’illusion de recréer un dialogue social direct avec ceux-ci. Pourtant, on l’a vu avec le cas de Smart, les référendum sont un jeu aux dés truqués, où les patrons peuvent facilement influencer le vote des salariés, faisant pression par des menaces sur l’emploi ou les salaires.

Réformes pro-patronales, attaques sur les droits des travailleurs et destruction des outils de lutte ouvrière, c’est bel et bien un Sarkozy en campagne qui lance sa course vers la reconquête de l’Elysée. Comme Juppé, son principal concurrent au sein des Républicains, et Hollande, qui tente de se reconstruire une légitimité présidentielle, Sarkozy vise à s’attirer les faveurs d’un patronat dont il avait perdu l’estime en 2012. Ceux qui font les frais de cette course effrénée vers le pouvoir sont bien entendu les travailleurs, qui voit leurs droits piétinés et leurs outils de lutte dangereusement attaqués.