Traumatisme

Si l’annonce de la victoire de Myriam El Khomri à l’investiture du PS pour les législatives dans le 18e arrondissement de Paris a été médiatisée, ce n’est donc pas pour avoir été retentissante. Au contraire, c’est au forceps que la ministre a réussi à s’imposer. La maire de Paris, Anne Hidalgo, dont El Khomri fut l’adjointe avant de partir au gouvernement, avait même cherché à dissuader la ministre, affirmant que « c’était une très mauvaise idée ». « Je pense qu’il y a un traumatisme très fort autour de la loi qui porte son nom et cela ne correspond pas tout à fait à ce qu’attendent de nous les Parisiens ». Elle lui avait donc préféré la conseillère de Paris Afaf Gabelotaud, pourtant représentante de la même politique, et qui a perdu à 85 voix contre 89 face à El Khomri.

En réalité, la maire de Paris révélait bien la logique avec laquelle le Parti socialiste se prépare aux législatives. La question au cœur des débats est celle de savoir comment le parti va bien pouvoir se sortir du marasme dans lequel l’a plongé le quinquennat Hollande. Pas question de programme ni de politique – Anne Hidalgo n’ayant jamais rien fait pour empêcher ce « traumatisme » de la loi Travail dont elle se permet de parler –, l’image avant tout.

Parachutage

Pour la ministre, de la même manière, il s’agit de se trouver une nouvelle localisation après son passage au gouvernement, ce que tous ces collègues ou ex-collègues sont en train de faire. Najat Vallaud Belkacem et sa détestée réforme des collèges, Marisol Touraine avec sa politique d’austérité et de casse des conditions de travail dans les hôpitaux, Jean-Jacques Urvoas ministre de la justice de classe et bien d’autres encore sont en train de perfectionner leur parachute pour la suite de leur vie politique à travers les législatives.

Des élections qui malgré la crise que vit le PS, sont en train d’être pensées de la même manière que les précédentes, dans lesquelles les candidats ne se sentent aucunement redevables de leur mandat et des lois impopulaires qu’ils ont passées. La mobilisation contre la loi Travail aura pourtant réussi à amocher pour longtemps le PS aux yeux des « Parisiens » qu’il se prétend défendre, et les petites 4 voix d’écart que El Khomri aura réussi à arracher montre que la crise se poursuit au sein même du parti, qui ne se reconnaît même plus dans ses ministres. La ministre cherche à maintenir les apparences en se disant « heureuse et honorée »... au moins jusqu’à tant que le vernis médiatique cache la réalité du programme anti-sociale qu’elle défend.