Un combat long mais qui hélas n’est pas unique

Les Ford Blanquefort ne sont pas seulement là pour eux. Comme ils le déclarent dans le tract distribué aux visiteurs à plus d’un millier d’exemplaires : « ce qui se passe à l’usine Ford de Blanquefort, est un scandale, un scandale certes ordinaire mais auquel il ne faut surtout pas s’habituer. C’est le scandale de ces multinationales qui détruisent l’emploi et le social sans même aucune justification économique et ouvertement au nom de la course aux profits et aux dividendes ».

Ford fait des profits substantiels de plusieurs milliards de dollars et continue à marteler que la fermeture est inéluctable. Le plus gros risque de défaite pour ses travailleurs serait de se laisser convaincre par l’impératif de rentabilité, qui est celui des patrons mais en aucun cas celui des travailleurs, et de négocier des miettes.

Les banderoles du stand affirmaient « Ford Blanquefort ne doit pas disparaître ». L’usine ne doit pas disparaître, non seulement pour ses 900 salariés, mais aussi pour les 3 000 emplois induits et pour ce qu’elle représente dans la région Aquitaine.

Sans convergence point de salut

Le rassemblement s’est fait sous le signe de la solidarité ouvrière et de la convergence des luttes. Avaient répondu « présents » aux côtés des Ford venus de Bordeaux, les postiers du 92, les Goodyear d’Amiens, PSA Poissy et PSA saint Ouen et des cheminots de l’intergare.

Une question était dans tous les esprits : s’opposer aux fermetures, oui mais comment ? C’est à cette question qu’ont répondu, chacun selon sa conception et son expérience, les représentants de ces luttes emblématiques. Jean-Pierre Mercier de PSA qui a connu la fermeture de PSA à Aulnay a rappelé que « faute d’un rapport de force suffisant » ils avaient dû, « en toute modestie » se contenter d’élaborer un cahier de revendications, sans pouvoir s’opposer véritablement à la fermeture de l’usine.

C’est une question que Mickaël Wamen, avait déjà évoquée la semaine dernière à Amiens lors du procès aux prud’hommes des 839 Goodyear et qu’il a remise en avant aujourd’hui. Pour lui c’est clair quand l’usine est fermée, la lutte devient très difficile sinon impossible. Il a rappelé qu’à Goodyear, malgré les promesses d’accompagnement incluses dans le plan social seulement 5 % des licenciés sont aujourd’hui reclassés et que 95% restent sur le carreau. Il avait rappelé la semaine dernière à Amiens qu’il avait appelé de toutes ses forces à une convergence des travailleurs en lutte, seule capable à ses yeux d’empêcher la fermeture, mais en vain.

Aujourd’hui, au rassemblement du salon de l’auto, il rappelle qu’il faut de toutes nos forces collectives se battre avant tout pour empêcher la fermeture de l’usine de Blanquefort. Si les Goodyear peuvent encore aujourd’hui relancer un procès c’est parce que, au moment de la fermeture de l’usine d’Amiens, l’appréciation de la validité des licenciements économiques se faisait à l ‘échelle de la multinationale. Mais aujourd’hui, avec les ordonnances Macron, le périmètre est devenu celui de l’entité de travail, l’usine de Ford Blanquefort en l’occurrence. Ce n’est plus dès lors pour les patrons qui veulent licencier, qu’un « simple jeu de comptabilité analytique » à mettre en place.

Appel à l’organisation du tous ensemble

Sur la même perspective Gaël Quirante, représentant de la lutte des postiers du 92 qui dure depuis 7 mois, a lancé un appel à ce que les représentants des différents secteurs en lutte se rencontrent après le rassemblement.

Les travailleurs, à la base, y aspirent effectivement de plus en plus car ils sentent que c’est la seule issue. Mais cela suppose de surmonter de nombreux obstacles et, au premier chef, les rivalités, les divisions et les stratégies qui sont des machines à perdre et usent la résistance des travailleurs en lutte et de ceux qui les soutiennent.