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L’université au service du CAC40

Les étudiants de Compiègne travailleront (gratuitement) pour Saint Gobain grâce à un nouvel accord de recherche

L’Université Technologique de Compiègne (UTC) a signé un partenariat avec le géant du verre, Saint-Gobain, pour mettre en œuvre des projets en commun. Un exemple très concret d’un modèle d’université au service des besoins du patronat plutôt qu’au service des populations.

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Quand les crédits de recherche publics financent les profits industriels du CAC40

La section recherche et développement de Saint Gobain doit être heureuse : elle a de nouveaux bras pour travailler sur ses projets sans même avoir à les payer ! En effet, l’UTC et Saint Gobain ont signé récemment un partenariat de cinq ans portant sur « les domaines de l’usine du futur et de recherches technologiques, comme les vitrages », comme le dit l’université. Dans un communiqué, l’université précise la façon dont ce partenariat va se dérouler : «  nos futurs ingénieurs seront amené à travailler, en partenariat avec des enseignants, sur des projets proposés par Saint-Gobain. Des recherches seront également menées en commun ». En d’autre termes, les étudiants vont passer leurs études (qu’ils payent !) à travailler sur des projets qui vont enrichir Saint Gobain et accélérer son développement technologique.

A l’occasion de la signature de cet accord, le président du groupe Saint-Gobain s’est permis de parler d’échange gagnant-gagnant, expliquant que « les bonnes idées naissent d’un bon réseau. Pas d’un travail en vase clos. » Evidemment, les profits issus des innovations technologiques de l’entreprise seront encore plus appréciés si ces innovations ont été obtenues grâce à un investissement public. Car derrière ces « partenariats », on voit un modèle d’université totalement au service de l’industrie, où les crédits de recherche public servent à renforcer les services de recherche et développement d’entreprise comme Saint Gobain dont les profits sont mirobolants (1,4 milliards en 2016 pour le vitrier).

Les universités technologiques, les laboratoires secondaires des grands entreprises françaises

En France, il existe trois universités technologiques : Compiègne, Belfort-Montbéliard et Troyes. Trois universités totalement au service du capital et contrôlées par lui : à Compiègne, le président du conseil d’administration n’est autre que le directeur de Suez. A Troyes, le président n’est autre que le directeur scientifique de Plastic Omnium ; à Belfort, c’est Yvan Lambert, le directeur de l’usine de PSA Sochaux ! Une direction qui s’étend au-delà de la présidence : tous les conseils d’administration sont composés de représentants de toutes les grandes entreprises françaises. A Troyes, SAFRAN et Electrolux ont des « représentants extérieurs » ; à Belfort, Alstom, General Electric sont présents…

Concrètement, cette co-direction directe des universités technologiques par le grand capital rend ces universités publiques dépendantes de ces grandes entreprises, qui en font des laboratoires financés par l’argent public. Au delà de l’exemple de Saint Gobain, l’UTC a aussi un partenariat important avec Renault, qui co-dirige (avec le CNRS et l’UTC) un des laboratoires de l’université, destiné à travailler sur les véhicules autonomes, financé en partie par le trésor public, alors que l’entreprise a dégagé en 2016 près de 3,5 milliards de bénéfices.

Face à ces universités qui ne sont plus que des succursales des services de recherche et développement des grandes entreprises, il faut opposer un autre modèle d’université : celle d’une université avant tout ouverte à tous les enfants d’ouvriers et des classes populaires, destinée à travailler sur les projets d’intérêts publics plutôt que privés.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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