Damien Bernard

Mais pour abandonner le mouvement, qui se limite désormais officiellement à une stratégie de pression parlementaire par en haut, Mailly a besoin d’un peu plus que les « concessions sur l’article 13 » proposés par le gouvernement et Berger. C’est sur le plan des heures supplémentaires, un symbole, que ça bloque encore. L’accrocher à son tableau de chasse pourrait permettre de ne pas donner l’impression de revenir bredouille auprès de sa base qui s’est mobilisée depuis 4 mois pour le retrait total de la loi Travail.

Pourtant, un tel « trophée », le gouvernement n’est potentiellement pas prêt à céder. Le symbole est trop important pour le patronat. On se rappelle notamment que c’est ce qui avait permis à Hollande de déminer le terrain de la mobilisation des routiers. Mais c’est aussi sur le terrain parlementaire, où Mailly fait désormais figure d’opposition, que la pression se fait forte. Les « frondeurs » semblent prêts à lâcher si ce point était intégré. Les heures sup doivent être intégrées aux accords de branche et non d’entreprise. Sinon, comme le font savoir certrains frondeurs, on fera « ‘travailler plus pour gagner moins’ et Hollande sera le président de la baisse du pouvoir d’achat. »

Pourtant, le soir même de la rencontre, la CGT étant toujours en « profond désaccord », il semble que Mailly ait « gauchi » dans la forme sa position, estimant que les amendements n’allaient pas sceller « la fin du mouvement » de contestation des syndicats, dont le sien. « Ce n’est pas la fin du mouvement », a-t-il déclaré à l’issue de la rencontre avec Manuel Valls, en déplorant « le blocage du Premier ministre », notamment sur l’article 2 qui cristallise le mécontentement des opposants au texte. « Il n’y a pas de sortie par le haut », a conclu Mailly. Mais, a fortiori, le leader de FO n’ira pas manifester pour la première fois depuis le 9 mars, ce 5 juillet. La confirmation devrait arriver ce jeudi soir, lors de la réunion de l’Intersyndicale.