A Londres, des dizaines de milliers de personnes ont manifestés samedi contre l’inflation galopante et la hausse du coût de vie au Royaume-Uni. Le cortège est passé par Dowing Street, la résidence officielle du chef de l’exécutif, et s’est terminé devant le Palais de Westminster, le siège du Parlement. Tout au long de la manifestation, il y avait plusieurs pancartes avec des photos de Johnson et de son ministre des Finances, Rishi Sunak, portant le slogan, « c’est leur crise, faisons-les payer ». En même temps, de nombreux manifestants ont également fait entendre leur voix contre le projet de Johnson d’expulser vers le Rwanda les demandeurs d’asile qui arrivent au Royaume-Uni en traversant la Manche.

Cette énorme manifestation a eu lieu deux jours avant la grève historique des cheminots qui commencera ce mardi 21 juin, et qui promet non seulement de bloquer une grande partie de l’activité dans la capitale et dans d’autres villes, mais menace également de s’étendre à d’autres secteurs. En outre, le syndicat des enseignants, le National Education Union (NEU), a déclaré que s’il ne recevait pas une offre salariale conséquente d’ici mercredi, il soumettrait au vote auprès de ses 450 000 membres une grève entre septembre et octobre. Il est important de souligner que depuis les lois anti-syndicales du gouvernement Thatcher, pour déclencher une grève, un syndicat doit organiser un scrutin officiel auprès de l’ensemble de ses membres, et pour que le résultat soit considéré comme valide, le taux de participation doit dépasser 50 % des voix.

En effet, le Royaume-Uni a été frappé non seulement par une crise politique majeure mais aussi par une inflation galopante, qui a atteint 9,1 % en mai et pourrait dépasser 11 % cet automne, quand il y aura une nouvelle augmentation du prix de l’énergie. Face à cela, le gouvernement propose une augmentation salariale de 3 % au secteur public, où les salaires sont gelés depuis 2020, laissant les salaires bien en deçà du coût de la vie. Cette disparité s’accentue et provoque la colère des secteurs du transport, de la santé et de l’éducation, surtout après qu’une étude ait révélé que les infirmières risquent de perdre 1 600£ de capacité d’achat si les salaires du Service national de santé augmentent seulement de 3 %.

Les estimations des syndicats montrent que les salariés britanniques ont perdu environ un tiers de leur pouvoir d’achat par rapport à 2008 - soit quelque 20 000 euros - en raison de l’inflation et de l’absence de revalorisation des salaires, et affirment qu’il s’agit de la plus forte baisse des « salaires réels » depuis 1830. Ces manifestations, tout comme les journées de grève, en disent long sur une poussée des travailleurs qui en ont assez de l’augmentation du coût de la vie. C’est une grande occasion pour les travailleurs britanniques de prendre conscience de leur force et de leur impact, en se mobilisant massivement pour des hausses se salaires, sans se laisser limiter par les tentative de contention des lois anti-syndicales de Thatcher ou des bureaucraties syndicales.