À l’époque où la fille et le père Le Pen n’étaient pas encore brouillés, la candidate FN avait tenu d’horribles propos à l’encontre des prières de rue des musulmans privés de salle de prière, en pleine campagne pour la succession au poste de Jean-Marie Le Pen à la tête du FN. Lors d’une réunion publique tenue à Lyon, Marine Le Pen s’était illustrée en comparant à l’occupation nazie les prières de rue des musulmans : «  C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes, il n’y a pas de blindés, pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants ».

Il est clair que la comparaison ne visait qu’à susciter la crainte et la haine de l’étranger en se plaçant sur le terrain glissant de la Seconde Guerre mondiale. Alors en compétition avec Bruno Gollnisch, figure locale de l’extrême droite et particulièrement virulent à l’égard des musulmans, la future chef du parti frontiste avait sûrement voulu marquer les esprits en s’inspirant des propos racistes de son concurrent.

« Les prières de rue sont une illégalité »

Si l’affaire ne trouve son terme juridique que ce mardi 15 décembre 2015, c’est parce qu’il a d’abord fallu attendre la levée de l’immunité parlementaire par le Parlement Européen pour que des associations de lutte contre le racisme puissent engager des poursuites. En définitive, c’est la relaxe qui a été retenue contre Marine Le Pen. Le parquet juge que ses propos relèvent de la liberté d’expression puisqu’ils ne viseraient qu’une minorité d’intégristes. Or, on sait pertinemment que ces phrases-chocs sont lancées pour provoquer des amalgames et diviser les exploités et opprimés.

À un moment où le FN est en voie de parfaire sa dédiabolisation, cette petite victoire pour la candidate d’extrême droite résonne comme une preuve supplémentaire de la légitimité de son discours islamophobe. Elle est aussi une expression du climat réactionnaire dans lequel se trouve la France.