Des embauches illégales au profit de la famille Le Pen

Après avoir révélé de nombreuses informations sur Fillon, Le Canard Enchaîné a décidé de faire la lumière sur les comptes du Front National, et notamment sur ses assistants parlementaires, qui semblent être la façon du moment de détourner de l’argent public. L’hebdomadaire satirique n’a fait ce mercredi que rappeler une information de Mediapart de 2013, qui permet de relativiser les discours des frontistes envers François Fillon. Selon ces informations, Marine Le Pen et Bruno Gollnisch ont embauché Louis Alliot, compagnon de Marine Le Pen, et Yann Le Pen, sœur cadette de celle ci, en tant qu’assistants parlementaires au Parlement européen. Dans les détails, Louis Alliot aurait été payé de 2011 à 2013 (avant que Mediapart ne révèle l’information), et Yann Le Pen de 2009 à 2014. Le Parlement européen, dont les règles concernant l’emploi des assistants parlementaires sont plus restrictives, interdit toute embauche d’un conjoint, enfant, ou membre de la famille. Cependant, le parti a pu contourner les règles parce que Louis Alliot n’était ni marié ni pacsé à Marine Le Pen, et que Bruno Gollnisch n’était pas un parent de Yann Le Pen, même si, selon le Canard, c’est bien Jean Marie Le Pen qui aurait demandé à son compagnon de route d’engager une telle assistante.

Un parti donneur de leçons qui ne les respecte pas

Pour un parti qui se veut être la voix du peuple, des petits, des « sans-dents », l’opération de communication semble ratée. D’autant plus que dans la période du dit-emploi, Louis Alliot, durant la campagne présidentielle de 2012, n’a sûrement pas fait que son petit boulot d’assistant à Strasbourg, et nombreuses sont les photos de lui faisant campagne avec Marine. Difficile dès lors de faire la leçon à François Fillon et sa femme. D’autant plus que Marine le Pen est d’ores et déjà empêtrée dans une affaire d’emplois fictifs, pour laquelle elle doit 300 000€ au Parlement européen, pour avoir notamment embauché son garde du corps en tant qu’assistant, sans que ce dernier ne change de fonction. Le Front National, quoiqu’en tête, montre donc son vrai visage : loin d’être à l’opposé du monde politique, il en garde tous les codes, et les magouilles, des emplois fictifs aux fausses déclarations de patrimoine (Jean Marie Le Pen est soupçonné d’avoir très largement sous-estimé son patrimoine aux autorités chargés de la transparence de la vie publique). En pleine entreprise de « dédiabolisation » le Front National se retrouve, comme les Républicains et les Socialistes, de nouveau poursuivi pour des affaires de corruption. Reste à savoir si les électeurs apprécieront…