Martine Franceschi, enseignante retraitée

Au bout d’une heure, sur la Canebière, trois voitures de police se positionnent dans la manifestation, toutes sirènes dehors. Au lieu de la traverser, ils roulent au pas sur une des voies de l’avenue, au milieu des manifestants.
J’étais à 2m de là lorsqu’un manifestant, exaspéré par les sirènes à fond depuis bien 4 ou 5 minutes, jette une poubelle devant la voiture de police. Le policier quitte son volant, furieux, il enlève la poubelle. Là, intervient le secrétaire de la FSU, Alain Barlatier, avec des gestes de la main apaisants de haut en bas, il reçoit un coup du policier dans la poitrine et trébuche.
A ce moment-là j’ai pensé que ce jeune flic, seul au milieu de la foule, s’était affolé et avait réagi en se voyant seul en plein milieu de la manifestation.

Mais tout-à-coup, en 3 ou 4 secondes, c’est une vraie cohorte de trente CRS (ou plus) qui interviennent, tout harnachés, donc par avance déjà préparés à sortir du commissariat Lieutaud/Canebière. Ils n’ont pas inquiété les adultes présents, dont moi, mais se sont rués sur les jeunes.
Grenades lacrimogènes, grosses bousculades. J’ai vu un jeune bien matraqué à terre. Il ont arrêté un jeune.
Cet « incident » violent était prévu d’avance. Je n’ai jamais vu de voitures de police dans une manifestation, roulant au pas avec leur sirène au milieu des manifestants. Normalement ils se tiennent devant et derrière.
Objectif : disloquer la manifestation, faire peur à des jeunes dont la plupart manifestaient pour la première fois de leur vie.
On n’avait jamais vu ça à Marseille, une manifestation autorisée attaquée par la police.

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