Le président de la République était attendu ce jeudi à Ganges, dans l’Hérault, pour une journée consacrée à l’école. L’occasion pour près d’un millier de manifestants de lui consacrer un bruyant comité d’accueil. Parmi eux, on trouve de nombreux drapeaux CGT, UNSA éducation et SNES-FSU ainsi que des ballons noirs en signe de deuil. Un cortège funéraire traversera la foule avec un cercueil symbolique siglé « démocratie ».

Loin des « cent jours d’apaisement » qu’il a appelés de ses vœux lundi, lors d’une allocution télévisée, les déplacements présidentiels se suivent et se ressemblent. Comme en Alsace, l’auto mise en scène du chef de l’État dans l’Hérault pour « tourner la page des retraites » tourne court sous le bruit des casseroles et des sifflets.

Échaudé par les interpellations reçues la veille, le président de la République a cette fois décidé de ne pas aller au contact du public, hormis en vase clos, retranché dans le collège qu’il visite. Mais même à l’intérieur de l’établissement, privé d’électricité par une coupure revendiquée par la CGT, le chef de l’Etat ne parvient pas à échapper à la colère.

Dehors, près de 600 gendarmes ont été mobilisés, les casseroles sont confisquées suite à un arrêté préfectoral. Pas de quoi entamer la détermination des manifestants. Aux cris de « nous aussi on va passer en force », ils forcent un temps l’énorme dispositif policier convoqué pour la journée. Toute la matinée, les œufs pleuvent sur le cordon de CRS chargé de les maintenir à distance du chef de l’Etat.

En résumé, Macron a beau surjouer la carte d’un gouvernement confiant et déterminé à refermer la séquence des retraites, partout où lui et ses ministres se rendent, les travailleurs lui rappellent leur détermination à lui faire payer son passage en force. Hier, les images de la colère que Macron avait rencontré au contact de la population avaient fait le tour des médias. Aujourd’hui, ce seront celles de l’important dispositif policier convoqué pour la journée, seul moyen qu’a trouvé le chef de l’État pour faire barrage entre lui et l’indignation de ceux qu’il veut faire travailler jusqu’ à la mort.

Pas sûr que le symbole lui soit plus profitable. Toujours est-il que nous voilà avec une preuve de plus de la détermination et de la colère à faire reculer Macron. Il faut une stratégie pour que la rage se transforme en victoire.