Ce lundi, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a visité le site nucléaire de Civaux (Haute-Vienne) accompagné de deux hauts responsables d’EDF. Une réunion rassemblant des élus locaux, des représentants de syndicats et la Commission locale d’information s’est également tenue à la Préfecture de Poitiers. Dans la foulée, le ministère a annoncé un projet inédit : l’Etat veut utiliser la centrale pour produire du matériel militaire, une première en France.

L’objectif est d’irradier des matériaux contenant du lithium, puis de les livrer au Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) afin d’en faire du tritium, un gaz rare indispensable à la conception des armes nucléaires. Souveraineté nationale, sécurité, dissuasion nucléaire, voilà les mots magiques utilisés par les faucons français pour justifier ce projet, qui s’inscrit dans la course aux armements engagée par les puissances impérialistes.

En effet, si le projet était envisagé depuis les années 90, sa réactivation à marche forcée est une expression de la militarisation croissante de la France. Dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la crise mondiale du capitalisme, l’ambition du gouvernement est de doubler les dépenses militaires en 2030 par rapport à l’année 2019. En parallèle, les dépenses militaires de l’ensemble des pays européens, en augmentation constante ces dernières années, atteignent des records.

Contre le projet du gouvernement et de la direction d’EDF, la CGT de la Centrale de Civaux a publié un communiqué dès le lendemain. Le syndicat refuse que les salariés d’EDF deviennent « des producteurs d’armes » et se prononce contre « l’armement, les guerres impérialistes et capitalistes ». Le texte fait également état de la pression psychologique qui pèse sur les travailleurs du site, tant au niveau de la situation internationale angoissante que des conséquences locales du projet (pollution radioactive, sécurité, sous-effectif). L’appel du gouvernement et de la classe dominante aux sentiments nationalistes et à l’urgence de la défense nationale n’est en effet qu’une énième entourloupe pour mettre encore davantage les travailleurs au pas et détruire tous les acquis du monde du travail.

Ce communiqué qui refuse ouvertement les prétentions guerrières du gouvernement est un exemple à suivre pour le mouvement ouvrier. Face au réarmement nationaliste, alors que les capitalistes veulent préparer les corps et les esprits à la guerre, le mouvement ouvrier et la jeunesse ont la force de riposter. Le gouvernement rêve d’uniformes et de SNU dans les écoles, et de travailleurs sur-exploités dans les usines d’armement, pour le plus grand bonheur et profit des marchands de canon. La réaction du syndicat EDF de Civaux est un premier rappel important : les travailleurs de tous les pays sont au coeur de la machine et ont le pouvoir d’enrayer la marche à la guerre que nous impose la classe capitaliste, à condition d’en finir définitivement avec elle et ses projets mortifères.