Il y a peu, le traitement individualisé et répressif d’une altercation entre deux collègues avait révélé une nouvelle fois cette stratégie patronale aussi vieille que l’exploitation. La semaine dernière, un militant syndicaliste qui a été pris à partie par un salarié intérimaire a décidé d’aller à l’infirmerie, les conditions minimales du travail en commun n’étant plus réunies. Les petits chefs n’ont évidemment rien fait pour apaiser la situation, c’est le moins qu’on puisse dire. Les militants de la CGT-Mulhouse se sont donc exprimés pour dénoncer l’instrumentalisation par l’entreprise de ces conflits qu’elle-même fait naître et alimente. Un autre pilier directement collabo du pouvoir patronal, la CFE-CGC, n’a pas manqué de répliquer au travers d’un tract dénonçant, rien que ça, la « dérive totalitaire » et les « mensonges » de la CGT et de son « fantasme » de la lutte de classes au sein de l’usine, invoquant même le fait que la « diffamation » est « punie par la loi ». Quelle meilleure technique pour affronter la lutte des classes que de nier son existence ? Là encore le ressort est aussi vieux que la domination de classe elle-même.

La CFE-CGC est, comme tout le monde devrait le savoir, une organisation bien peu syndicale qui ne regroupe que des cadres ardemment occupés à relayer la politique de la direction, et à taper sur ceux qui défendent les exploités : à les lire, le syndicalisme de la CGT est « un syndicalisme d’échec, de licenciements, de fermetures d’entreprise et de désastres économiques » ! Comme disait Jean Gabin dans Les tontons flingueurs, « les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Preuve supplémentaire. En résumé la CGT pratiquerait un « syndicalisme de violence » (à l’image évidemment, des salariés d’Air France ces derniers jours, qui seraient de purs et simples « terroristes ») : chapeau bas messieurs, celle-là on ne nous l’avait pas encore faite. Quelle ardeur ! Mieux vaudrait qu’ils déploient leur énergie à défendre leurs adhérents qui découvriront bientôt qu’ils se sont fait berner par la direction et verront leurs salaires amputés de 110 ou 120 euros. Mais les oreilles de la CFE-CGC mériteraient plutôt un petit coup d’audispray, rien de mieux pour assainir les conduits bouchés par le clairon de la direction.

Plutôt que de perdre leur temps en de fielleux propos, les responsables de la CFE-CGC feraient mieux de défendre les intérêts de leurs syndiqués s’ils tiennent à leurs chemises. La calomnie a toujours été l’arme des faibles, les salariés sont loin d’être dupes, et c’est en nous unissant, que nous soyons en CDI ou intérimaires, que nous démasquerons définitivement cette faiblesse.