Une onde de choc avait traversé la jeunesse étudiante au mois de novembre 2019. Anas, étudiant de 22 ans et militant, s’est immolé devant le CROUS de Lyon. Dans une publication sur Facebook, il expliquait les conditions de vie impossibles que connaissent les étudiants précaires et qui l’ont poussé à tenter de mettre fin à ses jours : « Je n’avais pas de bourses, et même quand j’en avais, 450€/mois, est-ce suffisant pour vivre ? ».

Dans cette même publication, il désignait également les coupables, les artisans des contre-réformes néolibérales qui l’ont conduit à commettre cet acte tragique : « J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE de m’avoir tué ». Enfin, il concluait en demandant à ses camarades de continuer à lutter contre ces injustices, et terminait par ces mots repris dans de nombreuses universités par la suite : « Vive le socialisme, vive l’autogestion, vive la sécu ».

Ce geste dramatique avait mis en lumière les conditions de précarité terribles et croissantes que connaissent une bonne partie des étudiants. Les langues se sont déliés et des centaines de jeunes ont commencé à témoigner de leur quotidien : « j’ai fait le calcul, dans ma situation actuelle, avec la bourse au niveau maximum et mes dépenses limitées au strict minimum je serais à -30€ par mois. Les bourses ne sont pas adaptées à la situation économique actuelle », nous expliquait par exemple Cécile, ayant répondu à notre appel à témoignage.

A la suite de sa tentative de suicide, Anas avait été hospitalisé dans un état très grave, plongé dans le coma. Ces derniers jours, il était éveillé une à deux heures par jour, et ce jeudi, sa sœur a annoncé sur Facebook que Anas est totalement réveillé, « se trouve toujours en service de réanimation et il aura encore quelques opérations. Mais il se porte plutôt bien compte tenu des circonstances. »

Au nom de toute l’équipe de Révolution Permanente, nous tenions à lui apporter tout notre soutien dans cette épreuve difficile. D’autant que son réveil a lieu dans un contexte très particulier : en pleine pandémie, il ne pourra même pas bénéficier de la visite de sa famille et de ses proches à l’hôpital.

Malheureusement, la crise sanitaire et ses conséquences économiques ont servi ces derniers temps de nouveau révélateur de la misère étudiante. Confinés dans des logements minuscules, soumis à la pression scolaire, de plus en plus demandeurs d’aides alimentaires… les jeunes sont en première ligne des conséquences de la crise. Mais en occupant des jobs précaires, dans la grande distribution, la livraison, ils sont aussi en première ligne de sa résolution. Les conditions de vie dénoncées par Anas en novembre dernier ne se sont malheureusement pas amélioré, mais la conclusion reste la même : s’organiser pour lutter contre ceux qui nous exploitent et nous précarisent sans cesse.