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Une vingtaine d'étudiants interpellés

Rennes. Cazeneuve tire les ficelles de la répression

Selon les informations données par Médiapart, c'est directement du Ministre de l'Intérieur que vient les vingt étudiants interpellés dans le métro à Rennes le 19 mai. Un groupe d'étudiants avait en effet organisé une action « métro gratuit » qui consistait à bloquer les composteurs dans le cadre d'une journée d'action contre la loi travail. Tous ont été arrêtés et gardés à vue, puis remis en liberté sous contrôle judiciaire par les juges, malgré le procureur qui, lui, demandait leur incarcération. Derrière cette vitrine médiatique des « casseurs » se trouve bel et bien Bernard Cazeneuve, qui quelques jours plus tôt, a annoncé clairement des prochaines arrestations et a réaffirme sa « fermeté » envers les militants contre la loi travail.

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Manon Véret-Gay

Tôt dans la matinée du 19 mai, un groupe d’étudiants prépare une action de blocage économique dans le métro : ils débranchent ou mettent de la mousse expansive dans les composteurs. Mais vers 6 heures du matin, la police arrive et embarque toutes les personnes. Suite à leur garde à vue, ils sont relâchés et soumis au contrôle judiciaire, et pour certains, sont interdits de se rencontrer et de manifester.

Selon les informations données par Médiapart, tout cela découle d’une stratégie mise en place quatre jours plus tôt. Le 15 mai, Cazeneuve s’est en effet rendu à Rennes pour rencontrer le préfet et la maire de Rennes au sujet des violences dans les manifestations. A cette occasion, il déclare qu’« il y aura d’autres convocations devant les tribunaux » et ajoute : « je le dis, ici à Rennes la fermeté sera totale. » On voit bien alors la volonté d’une prochaine arrestation sous peu de temps et laisse entendre que l’arrestation du 19 mai a été préparée longuement à l’avance.

Le procureur a qualifié le groupe « d’association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations et des violences en bande organisée » et a ainsi demandé l’incarcération des vingt personnes. En effet, l’emploi des termes « association de malfaiteurs » rend l’affaire de l’ordre criminel : les gardes à vue peuvent durer 96 heures et on peut plus facilement demander l’incarcération des personnes inculpées. Mais les juges n’ont pas été de cet avis, ils relâchent les étudiants et en mettent 18 d’entre eux sous contrôle judiciaire, dont quelque-uns en interdiction de manifester et de se réunir. Si les juges semblent avoir une position plus partagée, les avocats des personnes inculpées dénoncent fortement les charges qui sont bien trop importantes par rapport aux faits. Une avocate rapporte qu’« au départ, [le dossier] est ouvert contre “x” pour “violences en bande organisée sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Or il n’y a aucune violence dans le dossier. Dans leur communication, les autorités ont pu laisser croire que le métro lui-même avait été saboté, cassé, il n’en est évidemment rien. » Le décalage entre le discours politique du procureur et les faits réels, qui est présent depuis les premiers procès des manifestant-es contre la loi travail, devient un fossé. Un tel fossé qu’un des responsables dit lui même que « ce n’est pas extrêmement grave. Mais c’est parti d’une volonté du procureur d’ouvrir une information judiciaire contre les casseurs. » Le gouvernement pose enfin les mots sur sa politique de la figure du « casseur » , qu’un large nombre de manifestants dénonce depuis plus de deux mois maintenant.

Dans le rapport de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) rédigé suite à cette affaire, la théorie du casseur et de la division des manifestants est clairement exprimée. Tout d’abord, ces manifestant-es sont divisés en deux groupes. D’un côté, les personnes « à l’extrême-gauche syndicale et étudiante », qui manifestent « à visage découvert » et « ne participent jamais aux dégradations, se contenant de diatribes contre les forces de l’ordre et l’Etat en général. » De l’autre, « un groupuscule d’ultra gauche », qui « est dans une démarche beaucoup plus violente avec des méthodes paramilitaires ». Alors, dans quel groupe êtes-vous ? Cette simplification de la réalité montre la volonté de l’Etat à essayer de diviser le mouvement entre bons et mauvais manifestants. De plus, cela lui permet d’avoir des têtes sur qui rejeter la cause des manifestations violentes. Parce qu’un Etat qui fait passer ses lois au 49.3 se doit de diriger le regard des médias sur une violence autre que la sienne. Ainsi, les vingt personnes arrêtées à Rennes sont d’abord victimes de cette politique médiatique, qui a fait d’elles des exemples concrets de la figure du « casseur » . La répression n’est pas la cause de « débordements » comme le disent de nombreux médias et personnes, c’est la politique du gouvernement pour décrédibiliser le mouvement contre la loi travail.


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