A Gare de l’est, les salariés de Challancin, qui assurent entre autres l’assistance aux voyageurs handicapés pour la SNCF, n’en peuvent plus et ont donc lancé, depuis le 24 juillet 2015, plusieurs grèves et débrayages pour faire entendre leur mécontentement. Le 23 décembre, ils ont décidé de se remettre en grève et ont adressé un message d’information à la SNCF expliquant ce qui motive leur mobilisation. Un sous-effectif criant : «  Certains agents ne sont pas remplacés lors de leurs congés, laissant d’autres planifiés en matinée/soirée parfois seuls en poste à l’assistance PMR [Personne à Mobilité Réduite, Ndlr] sans pouvoir assurer le service », ce qui se traduit par une « augmentation des refus de prise en charge des personnes [...] ». Un manque de matériel : «  L’équipe PMR ne travaille qu’avec 4 Talkies en piteux état depuis 1 an […]. Certains agents communiquent donc avec... leurs téléphones perso », et «  ce mode de communication n’atteint pas l’efficacité des échanges par talkie-walkie qui sont instantanés et audibles par tous les agents.  ». Aucun accès à l’eau dans leur local depuis la suppression de leur fontaine à eau « retirée car trop chère  ». De plus « une mutuelle obligatoire désavantageuse comparée à l’ancienne a été imposée.  »

Pas de grève pendant les fêtes

Mais la dernière attaque en date de la direction est le summum du cynisme. Cette dernière, dénonce les salariés, «  ne souhaite pas payer les heures supplémentaires de l’année 2015 » puis se rétracte et fait preuve d’un « geste de bonté » que ne renierait pas le saint-patron Gattaz, « sous la forme d’un "accord", les heures sups 2015 seront payées si les agents du site ne font pas grève pendant les fêtes. » Bien que cela soit dit plus implicitement par la direction, qui elle souhaite que les « salariés qui ont des heures supplémentaires […] s’engagent à "fournir un travail de qualité pendant les fêtes" ».

Pour les salariés, faire grève est déjà une dure épreuve, surtout pendant les fêtes où les dépenses sont généralement plus élevées que le reste de l’année. Un coup au moral asséné une fois de plus par une direction pour diviser les salariés entre eux. La presse parle souvent de « prise en otage des usagers » par les grévistes dans ce type de secteur, mais le mécontentement n’arrive jamais par hasard. Une preuve de plus de l’unité et de la force morale nécessaires pour défendre chèrement des "acquis" face à un patronat qui ne perd jamais une occasion de détruire financièrement et psychologiquement les personnes qui font tourner ses entreprises.

La SNCF a vu sa direction enclencher une grande machine de destruction depuis plusieurs années, avec notamment la réforme du ferroviaire, à laquelle les salariés ont répondu par une des grèves les plus dures de ces dernières années, en juin 2014. L’unité entre ces secteurs qui se côtoient au quotidien, et notamment le soutien des plus organisés d’entre eux, mais aussi des usagers qui sont tout autant les victimes collatérales directes de cette dégradation continuelle des moyens et des conditions de travail, constituerait un atout majeur pour la victoire des travailleurs de Challancin.