Dans un article publié hier, Médiapart révèle que le parquet de Pontoise a classé sans suite une enquête visant une policière du commissariat d’Ermont, dans le Val-d’Oise (95). Déjà visée par l’IGPN dans une enquête pour « corruption », « participation à une association de malfaiteurs » et «  violation du secret professionnel  », elle aurait, cerise sur le gâteau, caché avoir renversé un homme à moto avec l’aide de ses collègues.

Dans son téléphone, l’IGPN a en effet découvert plusieurs messages l’incriminant, retranscrits dans l’article de Médiapart. En août 2022, elle écrit à son père « Je suis en patrouille j’ai cartonné un scooter en refus d’obtempérer j’ai peur stp. Il est pas mort. On a interpellé 5 mecs pour stupéfiants à cause de ça je dois rendre compte par écrit. », avant d’écrire à sa mère, quelques minutes plus tard que ses collègues « sont au téléphone avec les caméras de la ville [le centre de supervision urbain – ndlr] pour supprimer le passage où [elle] fonce sur lui », avant de traiter le conducteur du scooter de « sale noir de sale race de mort ». Plus tard, elle écrit dans la conversation « Mes collègues me couvrent ils vont tous mentir sur le rapport en disant c’est lui il m’a foncé dedans j’espère ça va pas finir en procédure au tribunal pour tentative d’homicide maman un truc comme ça je meurs je te dis la vérité. ».

Autant de vœux qui semblent s’être réalisés comme par magie. Après vérification, le brigadier de l’IGPN découvre bien une procédure contre un scooter pour «  refus d’obtempérer » datée du 22 mai 2022. Toutefois, dans la version consignée par les policiers, ce n’est pas la policière qui est au volant, mais un de ses équipiers. De même, ce serait le scooter qui aurait fait semblant de fuir, avant de se retourner et de foncer sur la porte arrière de la voiture des policiers à l’arrêt. Les images de caméras de surveillance, quant à elles, avaient déjà été écrasées au moment de l’enquête. Le conducteur, quant à lui, reste introuvable.

Si elle reste incriminée dans le cadre de la première affaire, les charges contre la policière n’ont finalement pas été retenues dans la seconde enquête, l’infraction étant « insuffisamment caractérisée ». En clair, les messages, très explicites, écrits par la policière ne suffisent pas pour la désigner coupable. Au contraire, selon son avocate, elle aurait menti à ses parents en leur faisant croire qu’elle était la conductrice du véhicule…

Une « vérité » établie à postériori et qui révèle une fois de plus l’impunité policière, dans une affaire qui mêle violence policière et racisme. De fait, loin d’être un acte isolé, l’affaire en évoque d’autres : pendant que les jeunes des quartiers populaires sont au quotidien confronté aux violences policières, des policiers s’étaient déjà illustrés l’année dernière en roulant sur la jambe d’un manifestant tandis qu’en juin dernier, la police tentait de couvrir le meurtre de Nahel, soi-disant tué suite à un « refus d’obtempérer ». Autant d’affaires révélatrices d’une justice de classe qui couvre et légitime les violences d’Etat.