Xavier Bertrand (président de la région Hauts-de-France) et Natacha Bouchard (maire de Calais), tous deux élus Les Républicains, assument décidément leur racisme et leur nationalisme. Pour eux, tous ces immigrés qui fuient nos guerres au Moyen Orient, n’ont rien à faire dans l’hexagone ! La frontière est particulièrement sensible entre le Royaume Uni et la France. Les flux migratoires étaient jusque-là « régulés » par les accords du Touquet, signés en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur. Le Royaume Uni avait alors réussi à faire dissoudre le camp de réfugiés de la Croix Rouge de Sangatte, « un réservoir d’immigrants clandestins toléré par la France » selon les autorités d’outre-Manche. Ils fixent des dispositions telles que la frontière effective à Calais et non à Douvres, ce qui permet au Royaume Uni de laisser les demandeurs d’asile côté français, rendant plus difficile pour les migrants de faire leur demande : il faut que le bateau soit parti ou que le camion soit dans l’Eurotunnel pour pouvoir faire une demande d’asile en Angleterre. Ceci est presque impossible, tant les policiers français sont minutieux. Comme l’avait dénoncé la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) en 2015, ces traités ont « conduit à faire de la France le bras policier de la politique migratoire au Royaume-Uni ».

En demandant la renégociation de ces traités, les élus de droite n’expriment qu’une chose : ils veulent accentuer la répression à l’encontre des réfugiés, déjà largement durcie pendant la « crise migratoire » avec l’Europe forteresse. Ils préfèrent les voir de l’autre côté de la Manche. Cependant, la situation n’est pas si simple. Si la France décidait que la frontière anglaise était rétablie à Calais et ouvrait les frontières aux migrants, les autorités anglaises seraient obligées d’étudier leur demande d’asile, mais pourraient les renvoyer en France si elles refusaient de les accepter, créant un retour au point de départ et ne réglant, en aucun cas, le problème de façon satisfaisante pour elles.

Ces nouvelles déclarations réactionnaires interviennent dans un contexte particulièrement tendu en termes de migration : cette semaine, du fait de l’existence de l’Europe forteresse, 2500 réfugiés ont été récupérés par les gardes côtes italiens ; fin mai, on en comptabilisait 10 000. L’UE négocie avec la Turquie pour en faire un réservoir de réfugiés qui vivraient là-bas dans des conditions désastreuses. C’est véritablement une Europe Forteresse que la France et ses alliés européens sont en train de consolider, protégée par une douve remplie de morts. De l’air, ouvrons les frontières !