"Nous humains, enfants de la terre, continuons le combat pour la vie". Les mots inscrits sur le monument représentant une main ouverte portant en son creux un globe terrestre n’aura dominé le site de Sivens, où Rémi Fraisse avait été assassiné par les forces de l’ordre, qu’une grosse semaine. Si les médias parlent d’une disparition "mystérieuse", faisant au passage un énième parallèle honteux avec sa mise en place, jugée toute aussi "mystérieuse", le contexte entourant l’hommage au militant écologiste donne de sérieuses pistes quant à l’identité des protagonistes à la destruction de la stèle. En effet, le rassemblement de ce dimanche s’est déroulé dans un climat tendu. Outre l’important arsenal policier déployé sur la zone, les "pro barrages", milices fascisantes en première ligne, avaient annoncé l’organisation d’une contre-manifestation le jour même. Si le rapport de force de ce dimanche a très certainement refroidi leurs ardeurs, la disparition de la stèle, en pleine nuit, correspond assez bien aux méthodes dégoutantes employées par ces milices.

Un acte nauséabond couvert sans peine par le lieutenant-colonel Rénier qui, non content d’expliquer que la disparition de la stèle "n’est pas une infraction", a jugé bon de préciser que "la seule infraction est le fait que la stèle ait été installée sur une propriété privée" ! Cerise sur le gâteau, le haut responsable de la gendarmerie a révélé que la CACG (Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne), propriétaire des lieux et maître d’ouvrage délégué du projet de barrage à Sivens, "avait envisagé un temps de déposer plainte" après la découverte de la sculpture.

Tout un symbole de comment l’Etat et sa justice de classe utilisent systématiquement deux pas et deux mesures. Le vol d’un monument à un mort n’a aucune importance face à la défense du sacro-saint droit à la propriété privée. Pas étonnant lorsqu’on sait que les assassins de Remi Fraisse restent impunis alors que ceux qui ont protesté contre cet assassinat subissent toujours les coups de boutoir de la « justice ». Face à un tel mépris et à la répression croissante de toutes les formes de contestation, les mots gravés sur la stèle disparue résonnent toujours, à Sivens comme ailleurs : le combat continue !