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Sous-traitance abusive : La Poste remise en cause

SUD PTT et la CGT accusent la poste de sous-traitance abusive et portent plainte pour « prêt de main d’œuvre illicite » et délit de marchandage. Le groupe se servirait de la sous-traitance pour effectuer des livraisons sans payer les employés.

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Crédit photo : MAXPPP/Christophe Petit Tesson

SUD PTT a porté plainte le 23 octobre pour relancer une procédure datant de 2012 concernant une agence coliposte parisienne. La CGT a fait de même le 30 octobre pour les mêmes griefs. L’avocat du syndicat, citant plusieurs courriers de l’inspection du travail, dénonce le recours par la poste à des entreprises sous-traitantes dans des agences colis poste d’Ile-de-France en 2016 et 2017.

C’est un système généralisé, les sous -traitants distribuent 80% des colis en région parisienne, ce qui n’ est en soi pas illégal. Ce qui est illicite par contre, c’est le fait que la poste donnent certaines directives à ces salariés alors qu’ils appartiennent à une entreprise indépendante. D’autant plus que cette externalisation permet de réduire les coûts et de s’exonérer de tout respect du droit et des conditions de travail.

La direction de la Poste assure pourtant ne pas avoir connaissance de ces plaintes à son encontre et affirme avoir recours à la sous-traitance en tout légalité, en respectant les règles légales du code du travail.

Pourtant les témoignages des journalistes de L’Oeil du 20h nous prouvent qu’il y a bien infraction et abus. Après s’être fait embaucher comme livreurs pendant une semaine leur récit est effarant : « Nous nous sommes présentés sur le parking d’un centre de tri , on ne nous a demandé aucun CV, on ne nous a fait signer aucun contrat, ’’l’entretien d’embauche ’’ a duré 2 minutes !! ». Dès le lendemain à 6h, on leur a donné une tenue et un scanner et on les a envoyés sur les routes « pour environ 10h de livraison sans pause avec 150 colis à livrer ».

Les livreurs travaillent 6 jours sur 7 et livrent en moyenne 2500 colis par mois. Ils sont payés à la tâche, 60 centimes d’euro le colis.

Pour Thierry Lagoutte, syndiqué à Sud PTT et livreur employé à la Poste, ces tarifs entraînent évidemment de mauvaises conditions de travail, et si les sous-traitants veulent un salaire correct ils sont obligés de livrer encore plus et encore plus vite.
Mais le plus sidérant dans ce témoignage c’est quand ces "employés" apprennent après 5 jours de livraison qu’ils ne seront pas payés car ils étaient en formation aux dires de leur employeur. Employeur qui reste injoignable évidemment et quand on s’adresse à un responsable du centre de tri celui décline toute responsabilité : le patron est un prestataire de la Poste et non la Poste donc c’est à lui qu’il faut s’adresser. Ainsi La Poste se déresponsabilise.

Pourtant c’est bien la Poste qui contrôle le travail et donne ses consignes. L’inspection du travail a même conclu dans un rapport ultérieur : « Nous avons pu constater la présence de plusieurs indices concordants susceptibles de caractériser l’infraction de fourniture illégale de main d’œuvre dans un but lucratif ainsi que de délit de marchandage ».

Alors quand la Poste affirme que la sous-traitance est indispensable et qu’elle veille à ce qu’elle soit appliquer légalement, nous ne pouvons et nous ne devons qu’en douter, surtout à partir du moment où le recours à ces entreprises de prestations de services permet en réalité d’exploiter à moindre coût ses sous-traitants.

La Poste fait bien appel à des sous-traitants pour son propre intérêt et pour ses économies en s’exonérant de ses obligations légales. Le groupe continue ainsi sa privatisation et se décharge de sa responsabilité de service en sous-traitant la branche postale qui n’est pas rentable et n’a pas vocation à l’être et ainsi continuer à développer ses branches d’assurance et de banque qui sont, et de loin, largement plus profitables.


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