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Justice de classe

Suite à la mort d’un ouvrier, le patron condamné : le prix d’une vie 3 000 euros

Le 26 mars 2013, Laurent Ossent, ouvrier dans l’entreprise Epinette à Gisors, tombe d’une mezzanine sur laquelle il effectuait des travaux et fait une chute mortelle de 3,23 mètres. L’ex-patron de l’entreprise aujourd’hui à la retraite, Roger Epinette, a été mis en cause puisque le matériel de sécurité nécessaire sur les chantiers en hauteur n’avait pas été fourni. Il a été condamné à 3 000 euros d’amende, 1 000 euros de dommage et intérêts en faveur de la s ?ur de Laurent Ossent, et 8 mois de prison avec sursis. Une peine ridicule pour un ancien patron ayant tenu 40 ans en poste, et qui plus est responsable de la mort d’une personne. Bill Zabriskie

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Lors du procès et à sa décharge, son avocate a tenu à expliquer qu’il n’y avait encore jamais eu d’accident dans cette entreprise « familiale ». Si cet argument a sans aucun doute pesé dans l’esprit du juge, et penché dans la balance en faveur de l’accusé, on peut cependant faire remarquer qu’avec entre 10 et 19 salariés dans la boite, les accidents se font naturellement plus rares que dans les grands groupes. Mais là n’est pas le centre du problème, en réalité. Roger Epinette est responsable de la mort d’un ouvrier, et est comparu pour homicide involontaire par « violation d’obligation de sécurité ou de prudence dans le cadre du travail ». C’est la clémence du juge face à ces accusations graves, qui le portent comme responsable de la mort d’un homme, qui est scandaleux dans cette affaire, signe encore d’une justice à deux vitesses.

De plus, il a été souligné lors du procès que le salarié serait tombé par « étourderie », car il balayait en reculant et n’a pas vu le vide derrière lui. Une chute de 3,23 mètres par étourderie… C’est soit méconnaître les conditions de travail sur les chantiers, soit faire preuve d’un cynisme et d’une mauvaise foi à faire froid dans le dos ! Lorsque l’on connaît l’enchaînement des heures de travail combiné aux conditions exécrables sur la plupart des chantiers, on sait que cette « étourderie » est en réalité le fruit de la fatigue accumulée due au trop grand nombre d’heures de travail pour des tâches physiques et exténuantes. L’attention et la réactivité baissent avec la fatigue, tout le monde sait ça. Ajoutez à ça un patron qui ne fournit pas le matériel de sécurité nécessaire, et vous avez toutes les conditions réunies pour que ce genre de drame arrive.

D’ordinaire si adepte des peines lourdes et « pour l’exemple » face à des faits minimes - envers les habitants des quartiers populaires ou les syndicalistes, avec une intensification depuis l’état d’urgence – la justice change de robe et devient soudainement incroyablement douce lorsqu’une accusation pourtant grave porte sur un patron, voire inexistante lorsqu’il s’agit d’une personnalité riche et influente (suivez mon regard). Sans compter qu’il s’agit ici d’un jugement en première instance, et qu’il y a encore possibilité de faire appel. En dernière instance, la peine, si elle est maintenue, risque bien d’être encore plus faible. Une nouvelle fois, cette justice de classe prouve par les faits qu’elle sait se montrer clémente envers une classe sociale, dure et intransigeante envers une autre.


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