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SOMBRE AVENIR POUR SARKO

Sur la photo des candidats aux primaires, Sarkozy risque de ne pas voir sa tête

Claire Manor Selon le principe bien connu du boomerang, le trafic d’influence que Sarkozy est soupçonné d’avoir exercé sur un magistrat pour défendre sa peau dans l’affaire Bettencourt, lui revient en pleine figure au moment le plus inopportun dans sa tentative de reconquête du pouvoir.

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La cour de cassation a reconnu, mardi, la validité des écoutes téléphoniques utilisées dans le cadre de la procédure engagée contre Sarkozy pour « trafic d’influenceet corruption » et l’a débouté de sa contestation pour illégalité. Par ce jugement, elle ouvre pour le président des Républicains candidat aux primaires une perspective de retour en correctionnelle, voire une possibilité de condamnation à l’inégibilité.

L’affaire « Bismuth », une affaire dans les affaires

Dans l’affaire des écoutes téléphoniques, sur laquelle la cour de cassation a rendu son jugement mardi, trois affaires se mêlent. C’est lors d’une surveillance concernant l’affaire du « financement Libyen » de la campagne de 2007 que les enquêteurs ont eu le soupçon d’une tentative d’obtention par Sarkozy, alias « Bismuth », d’informations dans l’affaire « Bettencourt ». Ils ont alors déclenché une procédure pour « trafic d’influence et corruption » sur la base d’une conversation saisie sur écoutes téléphoniques. Selon les policiers, la démonstration de l’infraction serait patente dans une conversation où Thierry Herzog, avocat de Sarkozy, lui rend compte de ses conversations avec son informateur à la cour de cassation Gilbert Azibert, qui souhaiterait en retour, un poste à Monaco.

Ce à quoi Sarko a réagi en attaquant la procédure elle-même. Par la voix de son avocat Me Spinosi il déplore : « C’est une procédure malade qui va continuer maintenant ». Dans la foulée, les avocats des trois protagonistes n’ont cessé de contester la validité de cette instruction."Nous allons immédiatement former un pourvoi en cassation contre cette décision qui d’ailleurs est non seulement critiquable au regard du droit, mais également des principes dégagés par la Cour européenne des droits de l’homme",

Le jugement rendu par la Cour de Cassation mardi 22 mars met à mal ce système de défense et réenclenche la procédure interrompue par le pourvoi en cassation.

Procès en correctionnel, inéligibilité, l’ancien président risque gros

Cette affaire des écoutes téléphoniques est particulièrement sensible pour l’ex-président de la République, car l’enjeu, outre une possible condamnation, c’est l’inéligibilité, quasi automatique dans ce genre de dossier. Par ailleurs, même s’il échappait à l’inéligibilité, le simple renvoi en correctionnelle au moment de la campagne des primaires l’obligerait à se défendre au tribunal en même temps qu’il mènerait campagne. Situation pour le moins acrobatique. Nul doute que tout sera fait du côté de sa défense pour faire traîner les choses en longueur et retarder le procès jusqu’après les primaires.

Mais là ne se limitent pas les casseroles que Sarkozy traîne à ses basques. Depuis l’audience de la cour de Cassation fin janvier, le chef de file des Républicains s’est vu signifier une nouvelle mise en examen, pour financement illégal de sa campagne pour la présidentielle de 2012 dans le cadre de l’affaire « Bygmalion ». Au total, le nom de l’ancien chef de l’Etat est cité dans dix affaires.

Une telle accumulation, même si l’ex-président s’en était bien sorti jusqu’ici, devrait à la longue entacher son image aux yeux de l’opinion.

Sarkozy challenger de Juppé ?

Il est très difficile de prévoir quel effet immédiat, voire différé, l’affaire des « écoutes téléphoniques » peut avoir sur la campagne et les résultats des primaires à droite. On est encore très loin de la fin de la campagne et les variations peuvent être tantôt à la hausse, tantôt à la baisse.

Les sondages récents donnaient Juppé et Sarkozy en tête, avec une avance significative du premier par rapport au second. Après avoir été entendu par les juges dans le cadre de l’affaire Bygmalion, Sarkozy avait réduit cet écart en passant de 30 à 32% au premier tour tandis que Juppé reculait de 41 à 39%. Même si la distance reste considérable, le mouvement est sensible. Il montre aussi que les déplacements ont tendance à se faire entre Juppé et Sarkozy plutôt que sur d’autres candidats.

On peut penser que si les nouveaux développements de l’affaire « Bismuth » devaient jouer en défaveur de l’ex-président, le retentissement sur les primaires à droite serait significatif. Dans l’hypothèse d’une inéligibilité, c’est potentiellement un tiers des voix dont une proportion significative pourrait se reporter au bénéfice notamment d’un Juppé triomphant.

Dans l’hypothèse contraire d’une victoire juridique de Sarkozy, il pourrait bénéficier d’un coup de boost du type de celui qu’il a connu après son passage devant les juges sur l’affaire « Bygmalion ». Mais probablement pas dans des proportions suffisantes pour changer réellement la donne.

Le camp de la bourgeoisie n’en est pas à un paradoxe moral près

Dans toute cette histoire, et sans oublier la « présomption d’innocence », si Sarkozy payait en partie de l’échec aux primaires des pratiques illicites ou frauduleuses, on pourrait penser que « la morale » est finalement sauve ; que tremper dans les affaires, user de pseudonymes pour tromper la justice alors que l’on est ancien président et futur candidat aux présidentielles de 2017, ne paye pas.

Mais alors, que faudra-t-il penser de la victoire d’un Juppé éliminant Sarkozy dans la course aux primaires ? Alors qu’il a été lui-même condamné à 14 mois de prison avec sursis et à un an d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêtsdans le cadre de l’affaire « des emplois fictifs de la mairie de Paris ».

Plus forte que la morale, il y a l’impunité à long terme des grands de ce monde.


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