Le verdict est tombé jeudi : les 250 réfugiés qui vivent dans les appartements vides du quartier des Izards, à Toulouse, doivent quitter les lieux dans un délai de huit semaines et sont condamnés à verser une indemnisation de 540 euros par mois et par appartement occupé depuis le mois de septembre 2015.

Le procès suinte l’hypocrisie. Alors que l’argument majeur d’Habitat Toulouse était l’insalubrité des bâtiments, les habitants doivent verser un « loyer rétroactif » pour des appartements soi-disant inhabitables. Pourtant, l’insalubrité du site, c’est le bailleur social, avec la complicité de la justice qui l’instaure. Dès qu’un logement se libère, portes et fenêtres sont arrachées, sans parler des sanitaires détruits... Pour la sécurité des occupants ?

Plusieurs organisations avaient pourtant proposé de réhabiliter les logements en centre d’accueil, afin d’éviter l’expulsion de plusieurs centaines de personnes ayant fui la guerre et la misère, et n’ayant pas d’autre endroit pour vivre. Proposition totalement éludée par ce simulacre de procès, dont le verdict plonge 23 familles dans une précarité incommensurable.

Le jugement va dans le sens de la politique raciste et islamophobe du gouvernement, appuyé par des déclarations de Jean-Luc Moudenc, maire LR de Toulouse, qui frôlent l’absurde : « Nous ne voulons pas que cette situation perdure.Ces gens vivent dans des conditions insalubres. Ce ne sont pas les seuls à être en difficulté. Nous avons 25 000 demandes de logements sociaux et plus de 1 500 SDF sur la ville ». Un raisonnement qui tend à opposer les bons et les mauvais demandeurs d’asile, à différencier « les pauvres SDF bien français » et les réfugiés « qui viennent nous piller et profiter de notre pays ». Une prise de position et des justifications qui sont des plus hypocrites, lorsqu’on sait qu’il existe plus de 15 000 logements inhabités dans la ville rose.

La solidarité est plus que jamais nécessaire avec les nombreux réfugiés qui fuient les guerres provoquées par nos propres gouvernements et qui se retrouvent confrontés à des décisions de justice arbitraires et racistes, calquées sur la position de ces mêmes gouvernements.