Au cœur des revendications de ce collectif regroupant des pilotes de Transavia France : des revendications salariales. Les pilotes de Transavia étant moins bien payés que leurs collègues pilotes chez Air France. À l’origine de ce préavis de grève, la dénonciation par le SNPL (Syndicat National des Pilotes de Ligne) Transavia, majoritaire mais qui ne participe pas à cet appel à la grève, de l’accord permettant aux pilotes d’Air France d’être détachés chez Transavia France.
 
Transavia France, filiale française d’une compagnie aérienne à bas prix néerlandaise, est détenue à 60% par Air France ; lancée en 2007, il s’agirait alors, ce week-end, de sa première grève. Les tensions au sein du SNPL entre le SNPL Transavia et le SNPL Air France tendent à s’accentuer, les pilotes de Transavia refusant et s’indignant de plus en plus de l’infériorité de leur statut, et de leurs salaires, par rapport aux pilotes d’Air France. S’indignant du traitement inégal entre les pilotes d’Air France et les pilotes « historiques » de Transavia, ces derniers pâtissant clairement de désavantages comparés aux premiers, notamment en terme d’évolution de carrière.
 
En 2014, pour pallier à une baisse de la productivité et faire qu’Air France reste dans la tête de meilleures compagnies européennes, la direction de la compagnie a défendu becs et ongles l’ouverture de Transavia Europe, faisant face à un SNPL peu convaincu au début puis de plus en plus opposé à un tel projet. Vendu auprès des pilotes et salariés d’Air France comme un projet permettant de « développer l’emploi », cette filiale low cost, sous-traitante, permet en réalité de rémunérer un salariat à des coûts moindres, de les payer « aux conditions locales ». L’ouverture de Transavia a donc mis en concurrences les pilotes d’Air France et de Transavia qui auraient pourtant tout intérêt à s’unir contre les ambitions capitalistes d’Air France qui ne peuvent qu’aller dans le sens d’une dégradation de leurs conditions de travail et de vie.
 
Aujourd’hui, le SNPL Transavia, qui avait accepté à contre coeur de ratifier l’accord de détachement en décembre 2014, le dénonce aujourd’hui ouvertement et a choisi de déposer un préavis de grève suite au « bilan dramatique » des conséquences de cet accord qui lèse les pilotes et copilotes Transavia par rapport à ceux d’Air France tant dans l’attribution des postes que dans l’avancement de carrière. Une dénonciation qui réouvre, dans les semaines à venir, une période de négociation.
 
Cet appel à la grève est, dans un contexte de crise économique qui perdure, un symptôme des luttes qui pourraient venir contre « l’ubérisation » de l’économie, fondée sur la sous-traitance, qui permet aux patrons d’engranger du profit avec un service à bas coût tout en contournant les contraintes réglementaires de concurrence. Une économie capitaliste qui, pour se maintenir, ne peut le faire qu’aux dépends des salariés d’Air France, qui travaillent pour une compagnie qui œuvre dans le sens de massacrer l’emploi !