« C’est la première fois qu’on appelle à plusieurs jours de grève en inter-filiales » explique Nordine Kebbache, de la CGT Transdev Aéropiste. Alors que la journée de grève du 7 mars arrive à grand pas, les salariés de trois entreprises (Transdev Aéropiste, Transdev Interpiste, Transdev Cargo) du pôle fret aérien de l’aéroport se sont réunis pour préparer les grèves à venir. En effet, sur la plateforme aéroportuaire de Roissy Charles de Gaulle, la multinationale Transdev, détenue par l’Etat français, a divisé au maximum ses activités pour tirer le plus possible vers le bas les salaires et les conditions de travail.

A l’ordre du jour, la réforme des retraites évidemment, mais aussi la question de salaires : « la direction a mis les NAO sur les trois entreprises en même temps, et ils ne nous proposent que 1,5% d’augmentation générale » explique Nordine, dans des entreprises où la majorité des salaires est proches du SMIC. Alors que tout l’aéroport s’était massivement mobilisé avant l’été pour exiger 300€ d’augmentation sur toute la plateforme, les grèves pour des augmentations de salaires ont continué ici et là. Mais chez Transdev, les salaires restent désespérément bas, d’où l’importance pour les salariés de mettre en avant leurs revendications salariales au même niveau que les retraites : « on réclame 300€ bruts sur le salaire de base, l’embauche des intérimaires, et le retrait de la réforme des retraites » détaille le syndicaliste. Alors que les directions des confédérations syndicales refusent obstinément d’intégrer des revendications salariales au cahier revendicatif du mouvement, le cégétiste dénonce un « Laurent Berger totalement déconnecté des problématiques qu’on a à la base : on parle de la fin de carrière, voire de la fin de vie dans certains métiers, mais il faut parler de la fin du mois, certains n’arrivent plus à faire de courses à la fin du mois ! ».

Ce qui ressort de cette assemblée générale, c’est aussi la détermination des salariés. « Ce sont les salariés qui ont proposé de faire deux jours de grève, le 7 puis le 8, en disant que cela n’allait pas se régler en une journée », explique le chauffeur poids-lourds, qui travaille depuis 18 ans dans l’aéroport. Mais surtout, il fallait rassembler les entreprises des différentes entreprises dans une Assemblée Générale inter-entreprises/inter-filiales. Une nécessité face à la division du travail sur l’aéroport : « ils nous divisent par métier : Aéropiste on est chauffeur, Cargo ils réceptionnent les colis et font de la manutention, Interpiste ils reconditionnent les palettes avions. Ils cherchent à diviser les salariés, pour qu’ils n’obtiennent pas les mêmes acquis. Par exemple chez Aéropiste on a des chèques vacances, Interpiste ils n’ont pas. C’est du dumping social, alors que c’est la même direction opérationnelle, c’est la même RH, c’est la même direction ».

Pour les salariés, la question de l’unité est donc primordiale, pour empêcher la direction de négocier avec l’une des trois entreprises la sortie de la grève. « On a martelé en assemblée générale qu’on rentre ensemble et qu’on sort ensemble du mouvement » : insiste Nordine.

Le but de cette division du travail est évidemment de tirer les salaires vers le bas le plus possible, en jouant sur les moindres acquis sociaux : chèques vacances, chèques restaurant, tout est passé au crible pour baisse le coût du travail. Une politique que subissent de plein fouet les salariés au moment où l’inflation sur les produits alimentaire a atteint 14,5% en février. « Ils veulent tirer toujours au plus bas les salaires et les conditions de travail. Par exemple chez Aéropiste on a perdu un contrat avec un appel d’offres auquel ils ont répondu via la filiale Cargo, parce que les salaires chez Cargo sont plus bas. On a perdu une partie de notre activité chez notre propre filiale ! » dénonce Nordine.