C’est dans un camp de réfugiés installé à Angres, près de Lens, que Kim Le a été interpellé il y a quatre mois alors que les forces de répression menaient une opération de « démantèlement des filières de passages ». Sous couvert de lutte contre les « passeurs » qui aident à faire passer les réfugiés de France à l’Angleterre, un chauffeur de taxi lensois et quatre « passeurs présumés » ont été présentés devant un juge d’instruction et mis en garde à vue. La garde à vue s’est prolongée sans autre forme de procès en une détention provisoire, sur décision du parquet. Selon le collectif Fraternité migrants bassin minier, « il n’a pas compris ce qui lui arrivait quand il a été arrêté […] on le considérait comme un passeur mais ils ne sont pas là les passeurs. Kim était une victime avant tout. Il était ici depuis plusieurs mois. Son objectif était de passer en Angleterre. ». A l’image des réfugiés du camp de Calais, il s’agissait avant tout d’un refuge plus que précaire pour des populations qui fuient la misère de leur propre pays.

Une fois mis en détention, Kim Le a demandé sa mise en liberté, d’autant plus que l’homme était, aux dire de son avocat Me Bruno Dubout, « fragile ». Il a donc été incarcéré à l’unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) pour les détenus de Seclin. Cependant, la semaine dernière, le juge d’application des peines a refusé cette mise en liberté, entrainant le terrible geste du jeune homme. Son avocat témoigne : « ça se voyait à l’audience qu’il allait se suicider. Il l’a fait quasi immédiatement après avoir pris connaissance de ce refus ».

Face à ce terrible suicide, les autorités font mine d’avoir les mains blanches, reportant la faute sur l’instabilité psychologique de cet homme : «  le suicide a eu lieu dans une Unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), une structure qui accueille des personnes détenues à l’occasion d’un placement psychiatrique », a expliqué à l’AFP Alain Jégo, directeur interrégional des services pénitentiaires, avant de préciser que «  ce monsieur avait des problématiques psychologiques et psychiatriques, il n’a pas laissé de lettre expliquant son geste ». Un bon moyen de parler d’un suicide d’un déséquilibré là où on a affaire à un suicide d’un désespéré qui n’a pas compris pourquoi on l’enfermait. Le désespoir dont l’unique responsable est la justice française et ses ministres, que ce soit Gérard Collomb, qui a annoncé vouloir durcir la politique migratoire, ou François Bayrou, que les affaires des plus pauvres et démunis n’intéressent visiblement guère.

Photo : AFP