Comme les travailleurs en grève qui bloquent la TIRU d’Ivry depuis le 30 mai s’y étaient préparés, les CRS sont venus casser leur grève ce matin à 7h30. C’est un coup d’arrêt provisoire au blocage du plus grand centre de traitement des déchets d’Europe, dont le piquet de grève aura tenu en continu pendant 21 jours, soit un jour de plus que son précédent record, établi en 2010. Mis en oeuvre par la fédération CGT des services publics, l’Union Locale CGT de la ville de Paris, avec le soutien de la CGT territoriale du 94 et du 93, ce véritable coup de force visait à la fois à soutenir les travailleurs du privé en grève contre le projet de loi El Khomri et l’immense attaque qu’elle représente contre leurs conditions de travail, mais aussi à protéger les intérêts bien compris des grévistes du service public, qui savent bien qu’ils seront les prochains touchés par l’offensive capitaliste.

Les grévistes avaient appris hier soir qu’ils risquaient de se faire débloquer ce matin et avaient lancé un appel à les soutenir. Ainsi, les CRS ont trouvé en face d’eux ce matin à 7h30 non seulement des salariés grévistes des différents secteurs du service public, mais aussi une petite foule de personnes venant de différents secteurs en lutte, étudiants, chômeurs, précaires et autres. Deux dizaines de salariés Suez travaillant à l’incinérateur ont alors cessé le travail pour allez soutenir leurs camarades et tenir le piquet face aux CRS. Quelques élus Communistes et Républicains des mairies d’Ivry, de Bonneuil et de Fresne, deux conseillers départementaux et un conseiller régional, ainsi que la secrétaire de section du PCF d’Ivry sont également venus rejoindre les grévistes à leur appel.

Le piquet a été brisé sans trop de heurts, les salariés ayant négocié avec la police pour avoir le temps de démonter le piquet pendant la journée. Ils seront néanmoins rapidement sommés de se dépêcher sous peine que les forces de répression passent à l’offensive.

Il faudra au moins deux jours pour que la TIRU puisse se remettre en service à cause de l’inertie de l’incinérateur, de quoi laisser le temps aux grévistes de revenir bloquer, si la direction de la CGT en décide ainsi. A la base, si on ne se fait pas d’illusions sur l’accroissement des risques de répression, de nombreux travailleurs sont motivés pour poursuivre la lutte et appellent les salariés à défier l’interdiction de manifester ce jeudi 23 ainsi que mardi 28 juin, et à poursuivre et étendre la gréve et les blocages des sites de production.

Témoignages de travailleurs après le déblocage du piquet de grève :

  •  Pascal Druez, secrétaire général CGT du syndicat de l’entretien et du matériel de la ville de Paris : "On va continuer, c’est pas parce que Valls et Hollande ont décidé de maintenir la loi El Khomri qu’on va se laisser faire. On sera en manifestation le 23 et le 28, et on ne sera pas statiques !"
  •  Maurice, militant CGT du syndicat de l’entretien et du matériel de la ville de Paris : "On prépare la grève et la mobilisation du 23, même si on a quelques critiques de ces actions saute-mouton, sur l’attitude de la direction confédérale..."
  •  Thierry Bonus, secrétaire CGT du syndicat des animateurs de la ville de Paris : "Ce que je regrette c’est qu’on ait fait 11 journées saute-mouton, qui ont bien marché, j’aurais préféré 11 journées de suite, peut-être qu’on aurait gagné. Le but maintenant ça sera de bloquer le pays pour obtenir le retrait de cette loi travail".
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